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  • 18/6/2014
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Les jardins persans

chãhãr bãgh

Le jardin persan est sans doute l’expression par excellence tant du «paradis terrestre» que de l’usage de l’eau dans les conceptions architecturales de l’espace. Par définition, le jardin persan est un lieu fermé [1] où l’eau semble être l’acteur principal: les cours d’eau, la ramification successive des ruisseaux, les jets d’eau, les chutes d’eau, les bassins…

   «Les constructeurs des jardins avait inventé un système remarquable pour irriguer les plantes, de sorte que le cours d’eau soit visuellement valorisé de la meilleure manière. Par exemple, les chutes d’eau accentuaient cet effet tant sur le plan visuel qu’auditif, le bruit de l’eau évoquant sa présence marquée dans certains endroits. Les ruisseaux– larges de 80 cm et d’une profondeur de 30 cm – passaient symétriquement aux différents endroits du jardin. Plusieurs jets d’eau étaient installés dans ces ruisseaux, à intervalles plus ou moins réguliers. Les ruisseaux traçaient aussi le réseau des allées et fournissaient des endroits où s’asseoir. Devant le pavillon principal du jardin, il y avait un grand bassin de forme carrée ou rectangulaire. Avant l’arrivée de l’islam et au début de la période islamique, ces bassins étaient généralement ronds et les constructeurs évitaient toujours la forme ovale, car selon une croyance ancienne, l’eau se détériorait plus vite dans un bassin ovale et dégageait une odeur de moisi. Plus tard, on construisit aussi des bassins polygonaux: forme hexagonale pour les petits bassins, et dodécagonale pour les grands bassins.» [2]

Durant certaines périodes historiques, le style de la conception des jardins fut utilisé pour structurer les espaces urbains.

   Le voyageur italien Pietro Della Valle (1586-1652) décrit l’avenue Chãhãr Bãgh d’Isfahãn des Safavides en ces termes: «Au milieu de l’avenue, il y a de grands bassins de formes variées à intervalles irréguliers. Les bassins se trouvent plutôt là où il a y de belles maisons de riches. Des deux côtés du cours d’eau qui arrose tous ces bassins se trouvent deux larges passages pour la circulation. Dans certains bassins, il y a des jets d’eau, et dans certains autres, il y a des chutes.» [3]

Le voyageur français Jean Chardin (1642-1713) qui visita Isfahãn un siècle plus tard, précise lui aussi que les bassins de l’avenue Chãhãr Bãgh avaient des formes différentes et que le cours d’eau central de l’avenue alimentait également les ruisseaux des rues voisines.

Notes:

[1] En langue avestique, pairi-daeza (littéralement, espace fermé) signifiait «jardin». Le mot évolua plus tard pour devenir «paradis» (pardis) dans plusieurs langues et cultures anciennes.

[2] Parniã, Mohammad Karim, Initiation à l’architecture islamique iranienne, éd. de l’Université Elm-o Sanat, Téhéran, 1372 (1993),p. 290.

[3] Honarfar, Lotfollãh, Deux ponts historiques d’Isfahãn, l’architecture iranienne, vol. 1, éd. Khousheh, Téhéran, 1363 (1984), p. 529.

Sources:

1. Parniã, Mohammad Karim, Initiation à l’architecture islamique iranienne, éd. de l’Université Elm-o Sanat, Téhéran, 1372.

2. Honarfar, Lotfollãh, Deux ponts historiques d’Isfahãn, l’architecture iranienne, vol. 1, éd. Khousheh, Téhéran, 1363 (1984).

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