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  • 4/3/2012
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Chiites: arrivée du Baas au pouvoir et répression anti-chiite

saddam hussein

   Lors de l’arrivée du Baas au pouvoir et de la répression contre les leaders du MAI et notamment contre la famille Shirazi, Muhammad Taqi al-Mudarrisi a repris en main l’activité de l’organisation qui s’était éparpillée et l’a rebaptisée al-Haraka (Le Mouvement) avant de reprendre par la suite le nom de MAI. Son activité restait clairement politique et le MAI a accompli de grandes étapes dans la direction de l’activisme politique chiite en Irak. Une tentative d’attentat contre Tariq Aziz lui est notamment attribuée 1.

Sous le régime de Saddam Hussein, les chiites ont été victimes de répressions sanglantes (tel Marad al Ras, en février 1977) et de déportations massives. En outre, la marja’iyya fut décimée sous Saddam Hussein.

   Le pouvoir, pour la première fois dans l’histoire du chiisme en Irak, mettait à mort un marja’, Mohammad Baqer al-Sadr. En 1985, dix membres de la famille d’Ayatollah al Hakim furent exécutés. Lors de l’Intifada de mars 1991 dans le sud de l’Irak, le gouvernement n’hésite pas à s’attaquer à la personne sacrée aux yeux des chiites d’un autre marja’, l’ayatollah Khoei, qui est kidnappé et contraint d’apparaître à la télévision face à Saddam Hussein pendant que la Garde républicaine bombarde les mausolées des imams chiites de Najaf et Karbalã 2. Le 17 novembre 1982, Muhammad Baqir Al-Hakim annonce l’établissement a Téhéran de l’Assemblée (ou Conseil) Suprême de la Révolution Islamique en Irak (ASRII), qui devait à l’origine être une structure regroupant l’ensemble de l’activisme islamiste chiite en Irak. Cette annonce intervenait deux ans après l’exécution de Al-Sadr et le début de la guerre Iran-Irak. A partir de ce moment, tous les groupes chiites transférèrent leurs quartiers généraux et la majeure partie de leurs ressources humaines à Téhéran, où ils allaient entamer un changement radical dans leurs organisation et idéologie.

Cependant, les efforts iraniens pour la création de l’ASRII et les tentatives d’unification et d’intégration des groupes chiites irakiens étaient voués à l’échec a cause de multiples contradictions et divisions politiques, idéologiques, ethniques, locales et même familiales.

   Et c’est en ce sens que les évolutions politiques du chiisme irakien ne connaîtront pas de modalités d’affirmation manifestes, le long des années 1990 notamment. Il sera ainsi entravé dans ses évolutions, tant la répression de S. Hussein sera impitoyable vis-à-vis de tout embryon d’affirmation de sa part. Cela ne confinera pas les principales instances représentatives de chiites en Irak à une quelconque stagnation sur les plans politique et théologique, bien entendu. Au contraire, les événements qui apparaîtront au lendemain de l’invasion de l’Irak de mars 2003 mettront en exergue la capacité de beaucoup d’individus et/ou de formations chiites irakiennes à s’affirmer sur la scène politique irakienne grâce au soutien de pans non négligeables de la population irakienne, comme le prouveront aussi bien les confrontations entretenant l’armée du Mahdi de Moqtada Al-Sadr et les forces de la coalition en avril 2004 que les résultats des élections législatives de janvier puis de décembre 2005. Mais cette situation restera attribuable à la capacité qu’auront eu les acteurs chiites concernés de rebondir sur une configuration caractérisée par des éléments légitimateurs puisant pour beaucoup dans l’histoire, et restant à ce titre pour beaucoup amplement indépendants de toutes les opérations de «délégitimation» et de déstructuration inabouties tentées par l’ancien rais irakien.

Notes:

1. F. A. Jabar, The Shi’ite Movement in Iraq, op. cit., pp.216-223

2.  Ibid., p.271

Source: Barah Mikhail, La question de la Marja’iyya chiite, Paris: IRIS, 2005

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