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  • 5/3/2012
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Chiites du Bahreïn: L’Assemblée nationale de la Fraternité

chiites du bahreïn

   L’Assemblée nationale de la Fraternité (ANF, al-Ikhaa en arabe), enfin, est la troisième formation chiite du pays par le nombre de partisans qu’elle fédère. Ceux-ci sont cependant en nombre extrêmement limité, puisqu’ils ne dépasseraient pas, officiellement, les 100 personnes 1. Et pourtant, l’ANF fait partie des formations qu’il convient de pleinement prendre en compte dans l’évaluation de la donne chiite politique contemporaine. Ce mouvement a en effet pour particularité de rassembler des membres qui, en dépit de leur nombre réduit, ont pour point commun d’être de souche persane, de par leur ascendance. Les chiites d’origine persane représentant 25 à 30% de l’ensemble des chiites du Bahreïn (soit environ 70 000 personnes), on ne peut exclure la possibilité pour eux de s’identifier aux orientations et aux actions de l’ANF, sans pour autant s’en revendiquer officiellement.

Ainsi, la donne identitaire de l’origine nationale a une importance non négligeable ici, qui se doit d’être prise en compte pour l’évaluation du positionnement des chiites du Bahreïn.

   Nonobstant cet aspect, qui reste pour beaucoup inscrit dans une logique d’ordre approximatif tant la donne chiite bahreïnie s’assimile dans son ensemble à un enchevêtrement d’enjeux, d’intérêts et de situations a priori difficilement décryptables, il convient de constater que l’éventualité pour l’ensemble des chiites bahreïnis d’origine persane de pouvoir – ou vouloir – s’identifier à la seule ANF ne constituerait pas pour autant de risque majeur pour le gouvernement en place, loin d’en faut. Créée en 2004, cette formation n’a en effet pas encore eu le temps de se structurer de manière à pouvoir former un pôle actif, influent et puissant au sein du royaume du Bahreïn. S’ajoute à cela le fait que l’ANF a fait montre, jusqu’ici, d’un discours et d’options politiques qui abondent dans le sens de la consolidation du pouvoir des al-Khalifa. Les revendications de l’ANF restent ainsi purement citoyennes, et n’ont jamais mis en avant jusqu’ici l’allégeance à une Marja’iyya spécifique, voire à une quelconque sphère politique, religieuse, ou politico-religieuse tierce. Les chiites perses du Bahreïn représentés par cette instance ont ainsi ceci de paradoxal qu’ils sont les seuls à avoir des revendications exclusivement nationales et citoyennes, et qui ne laissent aucune place à l’ambiguïté.

Ce même si, dans le fond, la méfiance entretenue par les sunnites du Bahreïn en général et le pouvoir en particulier vis-à-vis des chiites nationaux s’applique à tous ceux d’entre eux, sans distinction de programme, de structure d’affiliation ou d’origine.

Note:

1. International Crisis Group, Bahrain’s Sectarian Challenge, ibid., p.15.

Source: Barah Mikhail, La question de la Marja’iyya chiite, Paris: IRIS, 2005

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