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  • 5/3/2012
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Chiites d’Arabie: la direction politique du MCIR

ayatollãh khomeyni

   Cette stratégie a-t-elle été payante depuis? Si la réponse à cette question est restée pendant longtemps très hasardeuse, les évolutions récentes intervenues en Arabie saoudite ont permis d’obtenir des indications assez concrètes sur l’orientation politique des Saoudiens chiites contemporains. Les élections municipales convoquées en plusieurs étapes par les autorités saoudiennes, au printemps 2005, ont en effet amené un grand nombre de «membres» du MCIR, qui se présentaient sous une étiquette indépendante, à être élus dans plusieurs villes à majorité chiite de l’Est saoudien.

Une fois encore, la comparaison avec la stratégie des Frères musulmans (sunnites) égyptiens trouve ainsi son actualité dans le modèle saoudien.

   Il serait néanmoins erroné d’en déduire une volonté des chiites saoudiens – ou de la majorité d’entre eux – de vouloir se fondre sous la coupe d’un mouvement chiite principal aux orientations religieuses très précises. Certes, le cheikh Saffar, en tant que leader du MCIR, reste d’autant plus susceptible de vouloir orienter son mouvement vers une force politique fédératrice unique que les enseignements de son maître, l’Ayatollãh Shirazi, continuent à faire partie de ses projets pour l’avenir. Avec ce que cela implique, bien entendu, de tentation pour Saffar de rester fidèle aux enseignements de l’Ayatollãh Khomeyni, lui-même maître de Shirazi, pour qui les affaires politiques et religieuses de la communauté chiite reste nécessairement fédérées par le velayat-e-faqih. Cependant, la réalité structurelle du MCIR rend ce schéma beaucoup moins valable aujourd’hui qu’il n’avait pu l’être à la fin des années 1970. Saffar n’est plus en effet la seule personne de référence au sein du MCIR, puisqu’on y retrouve d’autres personnalités incontournables du nom de Fawzi al-Sayf, Tawfiq al-Sayf ou encore Ja’far al-Shayeb, qui ont également une marge d’autonomie non négligeable dans la gestion des affaires de ce mouvement. De même, alors qu’al-Saffar a choisi, après le décès d’al-Shirazi en 2001, de s’en remettre aux enseignements de l’Ayatollãh iranien Ali al-Sistani  plutôt que d’opter pour les successeurs de Shirazi, on trouve des membres du MCIR qui revendiquent plutôt pour leur part une affiliation aux Shirazi, à l’Ayatollãh irakien Mohammad Taqi al-Mudarrasi, voire à l’Ayatollãh libanais Mohammad Fadlallah.

Ainsi, si notion de marja’iyya il y a chez les membres du MCIR, elle est loin d’être conforme aux orientations d’une personnalité unique. Et surtout, elle reste le plus souvent distincte de toute affiliation aux orientations de l’Ayatollãh Khãmenei, le velayat-e-faqih iranien.

Source: Barah Mikhail, La question de la Marja’iyya chiite, Paris: IRIS, 2005

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