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  • 23/2/2013
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La sécurité en Syrie avant la crise racontée

syrie

   Mon cheminement à moi vers mes retrouvailles journalières avec ma maison n’avait rien d’une aventure dangereuse! Bien au contraire! J’étais arrivée chez moi quand je descendais d’un du taxi qui devait sur le terreplein devant la Porte de Quinessrin, et faute de pouvoir poursuivre dans la vieille ville son périple, se délester de ces passagers. Passée la haute porte fortifiée et l’habituel coude voûté franchi, le jeune handicapé sur son fauteuil roulant proposant au passant des boîtes de mouchoirs et le vendeur de fruits, dûment salués ce dernier souvent voulait que son fils m’aide à porter mes paquets j’allais, un peu en boitillant ou en choisissant les pierres ou poser mes pieds à cause des anciens pavés disjoints et irréguliers. Je connaissais chacune des boutiques ouvertes à toute heure: celles de pâtisseries fraîchement sorties du four et dans laquelle l’artisan avait déjà aligné sur des plateaux ronds, des croissants bien dorés et tout gonflés de thym ou de chocolat, celle des narguilés colorés et de charbon de bois ou celles des rouleaux de tissus et celles à peu plus loin des épices et des fruits légumes frais. A peine passée l’entrée de l’impasse au fond de laquelle s’ouvre la maison d’un musicien connu mitoyenne d’un khan où séchaient des herbes médicinales prêtes à être expédiées enfermées dans de grands sacs de jute bien renflés et juste de l’autre côté, l’étroit couloir menant à gauche à la porte minuscule du vaste et luxueux hôtel Mansouria toutes ces deux très belles demeures aujourd’hui sans doute occupée, ou vandalisées occupée je devais prendre à ma gauche la rue qui en serpentant allait m’amener chez moi. Au passage, bien sûr, je guettais l’ouverture de la toute petite échoppe du vendeur de la meilleure poudre de thym, d’une longue lignée de vendeurs alepins de l’indispensable zaatar, de celui qui se déguste sur un rif de pain arrosé de bonne huile d’olive! S’il était là, je faisais provision de sachets que je livrais plus tard chez mes amies des quartiers plus chics ! J’ai appris depuis que son père ou lui-même avait été agressé par des voleurs ou des ravisseurs et était mort ! Bien vite j’atteignais le niveau de la menuiserie très encombrée d’outils et de planches taillées et de bois à dégrossir. Un vieil homme qui semblait vivre sur un amas de copeaux, semblait surveiller la rue qui à son niveau se partageait, un léger coude vers la gauche puis un franc coude à droite et la haute façade de ma maison s’imposait qui semblait barrer le passage. Nous avions flanqué la modeste entrée de deux grands bidons remplis de terre. Des lierres chétifs s’efforçaient d’y croître et même de se lancer à l’assaut des étages, de recouvrir peut-être les pierres du haut mur. Ces «tanakés» étaient là pour décourager les innombrables voitures qui amenaient les habitués des souks de se garer juste à la porte, au point de nous empêcher d’entrer! Nos ruelles étaient toujours encombrées mais se vidaient au soir, à peine le souk vidé de ses occupants et laissé aux ébats nocturnes de dizaines de chats. Je veux retrouver aussi la profonde complicité qui s’était établie entre ma demeure alepine et moi. A notre première visite, elle avait du rester totalement indifférente à ces Français soupçonneux qui se permettaient de lui faire passer un examen en règle et sans chaleur de son intimité. Elle avait même manifesté son mécontentement d’être ainsi dérangée après tant d’agréables années de solitude. Ses tourterelles s’étaient levées dans un claquement très sec de leurs ailes, des nids de deux légers rameaux croisés et posés en équilibre instable sur le rebord d’une fenêtre aux volets délabrés. Des dizaines de passereaux habitués à se brancher au crépuscule dans les branches denses de deux hauts et très âgés pamplemoussiers, s’étaient bruyamment envolés. Devenue nôtre enfin, et lentement et soigneusement restaurée, la grande maison dont la terrasse fait face aux hautes murailles de la citadelle, s’était très vite accommodée de nos arrivées devenues de plus en plus fréquentes.

Sources:

Lemonde.fr

Francesyrie.org

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