• Nombre de visites :
  • 1614
  • 11/7/2011
  • Date :

Le Chat et un Vieux rat

le chat et un vieux rat

J’ai lu, chez un conteur de fables, 

Qu’un second Rodilard, l’Alexandre des chats,

L’Attila, le fléau des rats, 

Rendait ces derniers misérables. 

J’ai lu, dis-je, en certain auteur 

Que ce chat exterminateur, 

Vrai Cerbère, était craint une lieue à la ronde:

Il voulait de souris dépeupler tout le monde. 

Les planches qu’on suspend sur un léger appui, 

La mort aux rats, les souricières,

N’étaient que jeux au prix de lui.

Comme il voit que dans leurs tanières 

Les souris étaient prisonnières, 

Qu’elles n’osaient sortir, qu’il avait beau chercher,

Le galant fait le mort, et du haut d’un plancher

Se pend la tête en bas. La bête scélérate 

A de certains cordons se tenait par la patte. 

Le peuple des souris croit que c’est châtiment, 

Qu’il a fait un larcin de rôt ou de fromage,

Egratigné quelqu’un, causé quelque dommage; 

Enfin, qu’on a pendu le mauvais garnement. 

Toutes, dis-je, unanimement

Se promettent de rire à son enterrement, 

Mettent le nez à l’air, montrent un peu la tête, 

Puis rentrent dans leurs nids à rats,

Puis ressortant font quatre pas, 

Puis enfin se mettent en quête. 

Mais voici bien une autre fête: 

Le pendu ressuscite; et sur ses pieds tombant, 

Attrape les plus paresseuses.

«Nous en savons plus d’un, dit-il en les gobant:

C’est tour de vieille guerre; et vos cavernes creuses 

Ne vous sauveront pas, je vous en avertis: 

Vous viendrez toutes au logis.» 

Il prophétisait vrai: notre maître Mitis

Pour la seconde fois les trompe et les affine,

Blanchit sa robe et s’enfarine; 

Et de la sorte déguisée, 

Se niche et se blottit dans une huche ouverte. 

Ce fut à lui bien avisé: 

La gent trotte-menu s’en vient chercher sa perte.

Un rat, sans plus, s’abstient d’aller flairer autour: 

C’était un vieux routier, il savait plus d’un tour; 

Même il avait perdu sa queue à la bataille. 

«Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille, 

S’écria-t-il de loin au général des chats:

Je soupçonne dessous encor quelque machine:

Rien ne te sert d’être farine; 

Car, quand tu serais sac, je n’approcherais pas.»

C’était bien dit à lui; j’approuve sa prudence: 

Il était expérimenté, 

Et savait que la méfiance 

Est mère de la sûreté.

Source: Lafontaine.net

Fables Relatives:

Le Lion devenu vieux

La Lice et sa Compagne

Le lion et le moucheron

Le Lion et l’Ane chassant

L’enfant et le maître d’école

  • Imprimer

    Envoyer à un ami

    Commenter (0)