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Quarante courtes lettres à mon épouse (lettre 33)

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عزيز من!

بيا کمي پياده برويم!

ديگر من و تو، حتي اگر دست در دست هم، و سخت عاشقانه، تمام شهر را هم بپيماييم کسي از ما قباله نخواهد خواست و کسي پا به حريم حرمت مهرمندي هايمان نخواهد گذاشت. اين را بارها به تو گفته ام و باز هم خواهم گفت. از چه مي ترسي عزيز من؟ بيا کمي پياده راه برويم! بيا کمي پياده راه برويم!

اين فرصتي ست براي به ياد آوردن جميع لحظه هاي گذشته با طعم و عطر و مزه هاي بسيار متنوع: لحظه ي شفاف اوج محبت در يک غنچه فروبسته ي ميخک، لحظه ي کوتاه شک و حسد، لحظه ي تلخ و پر از گريه ي مرگ يک خويش خوب، لحظه ي خريدن يک کلاه براي بچه اي در راه، لحظه ي تقديم يک سکه طلا به تو و دلتنگي عميق تو از من، لحظه ي آخرين نگاه تو بر در و ديوار خانه اي که از آنجا رانده شده ايم، لحظه ي فرياد شادمانه ي من که پله ها را جهان مي آيم تا به تو بگويم که در پنجاه دو سالگي کاري تازه يافته ام، لحظه ي خستگي بي حساب تو از رفتن به مدرسه و بازگشتن از مدرسه ي بسيار بسيار دور از خانه، گم شده در لابلاي دودهاي نفس گير جنوبي، لحظه ي ادارک متقابل و هم جهت تو و من، هنگامي که کودکي مي گريد، روزنامه فروش تشنه اي فرياد مي کشد، پيرمرد مستاصلي، ناگريز از وسط خياباني مي دود... لحظه ي نمره نياوردن يکي از شاگردانت که براي تو عزيز و محترم است... و « لحظه ي رنگين زنان چايچين » ...

عزيز من!

بيا کمي پياده راه برويم!

اين، براي جوان ها که خيلي چيزها را فراموش کرده اند و خيلي چيزها را در آستانه ي فراموشي قرار داده اند، شايد عبرتي باشد...

شايد ذره يا از يک تجديد نظر جدي و وفادارانه باشد در متن پر غبار و تيره ي زندگي باطل شهري...

شايد تلنگري باشد به ظرفي که سرشار است و محتاج سر ريز کردن...

شايد موجي باشد خاص، در حوضي مثل همه حوض هاي با آب راکد سبز ساکت، تا آن حوض را، دست کم به ياد دريا بيندازد، و يا حسرت چيزي را در دلش زنده کند که نمي داند چيست – شايد ماهي، يا که تصوير درختي در آن، يا قايقي کوچک...

شايد، جمله هاي اول قصه اي نو باشد...

عزيز من!

بيا کمي پياده راه برويم!

Ma chérie,

Allons marcher un peu ensemble!

Même si la main dans la main, éperdus d’amour, on parcourt la ville d’un bout à l’autre, personne ne va nous demander un acte de mariage, ni va avoir l’idée d’empiéter sur l’intimité denotre saint amour. Je te l’ai déjà dit mille fois et te le dirai encore. Qu’est-ce qui te fait peur, ma chérie? Allons marcher un peu ensemble! Allons marcher un peu ensemble!

Ce serait une chance de nous rappeler la totalité des moments passés dans leur diversité de goûts, parfums et saveurs: le moment transparent de l’apogée de l’amour dans un bouton d’œillet pas encore éclos, le moment passager de méfiance et de jalousie, le moment amer et noyé de pleurs de la perte d’un aimé, le moment de l’achat d’un chapeau pour le bébé qu’on attend, le moment de te faire cadeau d’une pièce d’or et ton mécontentement de mon acte par la suite, le moment de ton dernier regard sur les murs de la maison de laquelle on est chassé, le moment de mon cri de joie lorsque, essoufflé, je monte les escaliers quatre à quatre pour te dire que je viens de trouver du travail à cinquante-deux ans, le moment de ton épuisement et de ta fatigue en raison d’allées et venues à une école fort lointaine perdue dans la fumée harcelante du sud de la ville, le moment de notre entente mutuelle et dans un même sens lorsqu’un certain enfant pleure, un marchand de journaux crie ou un certain vieillard n’ayant pas d’autre choix que de traverser la rue… Le moment où se casse le vase en céramique que l’on aime tous les deux, le moment où un de tes élèves favori et sage ne parvient pas à avoir une bonne note, et le moment captivant de la cueillette des feuilles de thé par les femmes.

Ma chérie!

Allons marcher un peu ensemble!

Peut-être cela servirait d’exemple aux jeunes gens ayant déjà oublié maintes choses et prêts d’oublier beaucoup de choses.

Peut-être serait-ce un rappel sérieux et fidèle au cœur opaque et obscurci de l’absurde vie urbaine.

Peut-être serait-ce une pichenette contre un vase plein, qui veut s’écouler...

Peut-être serait-ce une vague particulière dans un bassin d’eau verte stagnante pareille à toutes les autres, une vague qui pourrait du moins rappeler la mer à celle-ci, ou bien encore éveiller en elle un regret quelconque inconnu au bassin, qu’il s’agisse d’un poisson, l’image d’un arbre dans l’eau ou bien encore un petit canot...

Peut-être serait-ce l’incipit d’une nouvelle histoire à suivre.

Ma chérie!

Allons marcher un peu ensemble.

Lettre issue du recueil intitulé

Tchehel nâmeh-ye koutâh be hamsaram

Nãder Ebrãhimi

Sources:

Teheran.ir

Kafiketab.blogfa.com

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