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En souvenir de Hãfiz, l’un des plus grands poètes iraniens

   Article d’Amir Khãnzãdeh publié dans la Revue de Téhéran en novembre 2006.

   Khãjeh Shams-e-Din Mohammad Hãfiz-e-Shirãzi naquit en l’an 727 de l’hégire lunaire (1320), à Shirãz. Son père Bahã-o-Din était un marchand et sa mère originaire de Kãzeroun, une ville voisine.

la mosquée wakil à shiraz

   Plus connu sous le pseudonyme de Hãfiz (celui qui connaît par cœur le Coran), il a pour nom de plume celui de " Lessãn-ol-Gheyb " (Langue de l’Invisible).

Hãfiz est avec Saadi, Ferdowsi, Nezãmi et Molãwi, l’un des monstres sacrés de la très riche littérature persane.

   C’est surtout après la mort de son père que Hãfiz commence à apprendre les sciences de l’époque. Il se lance dans de longs et minutieux travaux de recherche concernant des œuvres telles que le "Meftãh-ol-Oloum" (La Clé des Sciences) de Sakaki et les œuvres de Ghavãmoddin Abolbaghã.

Grâce à son génie inégalable et à son immense talent, il renouvelle le genre poétique. Son génie s’affirme à tous les plans de la création poétique, de la combinaison inédite de thèmes très variés à l’utilisation de procédés littéraires nouveaux. Ceci explique notamment pourquoi Hãfiz est, pour beaucoup de persanophones, le plus grand poète de leur histoire littéraire. Son influence demeure encore importante aujourd’hui au sein de la société iranienne et il est rare de voir une maison iranienne qui n’ait pas son célèbre Recueil (Divãn).

le mausolée de hafiz

   Ahmad Shãmlou, célèbre poète contemporain iranien, a même été jusqu’à estimer que "Hãfiz est le plus grand poète du monde ".

   Il n’y a pas de version unique du Divãn de Hãfiz et le nombre des poèmes varie de 523 à 994, selon l’édition. D’autre part, on estime que la première édition des œuvres de Hãfiz, publiée de son vivant, date de 1368, même si son manuscrit ne nous est pas parvenu.

   Pour les nations persanophones, le Divãn de Hãfiz ne se lit pas seulement comme un recueil de poésie. Il est pour eux le messager de l’avenir et de la divination, et il n’est pas rare de voir les Iraniens questionner Hãfiz pour savoir de quelle façon résoudre un problème ou questionner l’avenir.

Hãfiz affectionne particulièrement le genre lyrique au travers duquel il laisse sa virtuosité s’exprimer dans toute sa plénitude. Ses ghazals ou odes lyriques abordent notamment les thèmes de l’amour ou de la religion, ou encore le rapport de l’homme à la vie terrestre et à l’au-delà.

   Son Divãn contient des ghazals, des odes, des fragments, des quatrains et deux poèmes courts intitulés "Ahuyé-vahshi" (la Gazelle sauvage), ainsi que le Sãghinãmeh (poème bachique ayant la forme d’un masnavi).

   Ses poèmes ont été fréquemment choisis pour être chantés par les principales figures de la musique traditionnelle persane, telles que Alirezã Eftekhãri, Mohammad Rezã Shajaryãn  et Mokhtãbãd.

   Hãfiz découvrit son talent de panégyriste avant sa trentième année et fut le premier à donner au panégyrique une forme lyrique.

   Il avait, comme son pseudonyme l’indique, mémorisé le Coran dans son intégralité et de 14 façons différentes.

   Hãfiz était un homme de lettres, profondément érudit en sciences littéraires et religieuses, ce qui lui permettait de connaître des points subtils de la philosophie et des vérités mystiques.

Contrairement à Saadi, il n’était pas un grand voyageur et les deux seules fois où il quitta Shirãz, auquel il vouait un amour passionné, ce fût de force.
hafiz

   C’est surtout grâce au don unique dont il était pourvu et qui lui permit de présenter les pensées mystico philosophique de la Perse que son Divãn est unanimement accepté comme un chef-d’œuvre exceptionnel par l’ensemble des iraniens, même si ses interprétations sont nombreuses et parfois contradictoires.

Les expressions mystiques utilisées par Hãfiz dans ses poèmes proviennent de ses profondes connaissances philosophiques et religieuses, mais en vérité, Hãfiz est, avant d’être gnostique et mystique, un poète au verbe puissant.

   Il fut un homme à l’expression sincère, dans une époque fortement marquée par la souveraineté de l’ascétisme, l’hypocrisie bien pensante et la stagnation culturelle. Il composa de nombreux poèmes ivres et emprunts de mysticisme, tout en évoquant les préoccupations vaines de ce bas monde voué à l’anéantissement, et ce dans une langue très raffinée, fine, mordante et en même temps exempte d’hypocrisie et de dissimulation.

Les poèmes de Hãfiz sont là pour inspirer, au-delà de leur sens premier, un élan vers le divin trouvant sa source dans les enseignements religieux et coraniques. Hãfiz mourut en l’an 1362 à l’âge de 69 ans.

Aujourd’hui, son tombeau, situé au milieu du jardin Hãfizieh de Shirãz, rassemble chaque jour des centaines de pèlerins venus se recueillir auprès de son dernier lieu de repos et goûter à nouveau un instant de la sagesse éternelle de sa poésie.

Qu’il repose en paix.

Source: Revue de Téhéran

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