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Norouz, la fête iranienne (2)

printemps

   La joie constitue le fondement de l’éthique d’un philosophe comme Spinoza, pour qui le désir d’agir et de vivre heureusement est à l’origine même de l’essence humaine; elle est en effet source d’harmonie et de paix non seulement pour l’individu mais aussi pour la société: la joie est en ce sens amour, et de soi-même et de l’univers. En effet, contrairement au sérieux, qui exclut et qui ne permet pas le contact, la joie cherche le contact et entend par son effet contagieux surmonter l’exclusion de l’autre.

Le rire qu’elle provoque peut aller ainsi à l’encontre de la raison excluant dans presque toutes ses manifestations: norme, ordre, autorité, etc.

   Cette considération instructive nous ramène au Moyen-âge en Europe, au temps où la foule vivait au rythme de l’église, considérée comme l’unique instance autoritaire inspectant et réglant la vie des individus sous tous ses aspects. A l’époque, la fête de Noël passait pour la première, à savoir la plus grande des réjouissances populaires [1]; le peuple s’en servait pour, entre autre, exprimer son désir de joie de vivre mais aussi son horreur du pouvoir absolu et impitoyable des rois qui ne rêvaient qu’à la guerre.

De son côté, Nietzsche met en place une nouvelle valeur, voire une nouvelle morale à partir de la joie.

   Toute sa philosophie peut être considérée comme une lutte acharnée contre la pulsion de mort et le triomphe de la tristesse, lesquelles vont à l’encontre de la vie. Cette dernière, définie chez lui en termes d’affirmation, de positivité et de joie, est exaltée dans sa richesse. A ce même titre, nous accédons chez le philosophe à la figure de Dionysos, dieu joyeux qui remplace le Dieu judéo-chrétien de la tristesse. Nietzsche ne veut plus apercevoir la vie à travers les "sentiments noirs", mais l’éprouver entièrement dans la joie.

Cette dernière est en effet à l’origine de sa réflexion sur toutes les manifestations de la création artistique, telle que la musique ou la danse. Elle constitue pour ainsi dire l’essence de la création et de l’art. Dans cette optique et en revalorisant la joie et ses manifestations dont le plaisir et le rire, des fêtes telles que Norouz peuvent être conçues comme fondatrices de l’existence.

   L’ambiance joyeuse des fêtes nous rappelle, répétons-le, la vie et l’amour, cette noble aspiration de l’âme, qui reste peut-être la seule issue pour l’homme face à la mort. Les fêtes sont aussi une occasion pour partager l’amour. Norouz, par sa nature verte, par son air doux et son animation, a pour tâche de nous rappeler la vie, le monde et la paix. Elle nous apprend en effet que la vie vaut d’être vécue, que le monde est plein de beautés, et qu’il y a le printemps qui nous attend toujours après l’hiver.

Note:

[1] Il est ainsi attribué au rire une fonction subversive dont discute Bakhtine dans son estimable ouvrage, L’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen-âge.

Source: Teheran.ir

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