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  • 6/8/2011
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La jeune femme

rome

J’errais aux campagnes de Rome,

Et, promenant au loin mes pas silencieux,

Je lisais le néant de l’homme

Écrit de toutes parts sur ce sol glorieux.

Du Capitole au front superbe

J’aimais à contempler les environs déserts,

Et je voyais ramper sur l’herbe

L’orgueil de cent palais que la ronce a couverts.

Au pied d’un portique en ruine

Qu’ébranlait de sa faux Saturne triomphant,

Je vis une jeune Sabine

Qui, calme, fraîche et belle, allaitait son enfant.

Je m’approche de cette femme

Qui de ces lieux, pour moi, doublait l’enchantement,

Et de sa bouche je réclame

Quelques légers détails sur ce grand monument.

"Étranger, me répondit-elle,

"J’ai regret de tromper ta curiosité;

"Mais, pour ces débris... tout mon zèle

"Ne peut t’apprendre rien sur leur antiquité.

"D’autres t’en rediront la gloire,

"Par d’autres ces débris te seront expliqués;

"Pour moi, j’en ignore l’histoire:

"À peine mon regard les avait remarqués."

Ainsi, pleine de sa tendresse,

Goûtant d’un seul bonheur le long charme innocent,

Cette femme, en sa douce ivresse,

Aimait!... toute sa vie était dans le présent.

Charles-Julien Lioult de Chênedollé (1769-1833)

Source: Poesie.webnet.fr

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