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  • 23/2/2012
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La ville au loin...

ville

La Ville au loin monte des vœux immolateurs...

Par les vitres en haut, la Ville, - aux Yeux - à perte

Du sang pauvre qui heurte aux roideurs de l’aorte!

Monte haut des quadratures de pierre, et lourd

Le temps de dômes, ainsi qu’enserrant le rêve

Lourd-arrêté vers l’elliptique expansion

De ses Fatalités:

Et est plus haute sur les voies

Lointaines de ses rais qui tournoient, la Tour!

Autant qu’elle, la Ville! montera, qui porte

Les haines de longtemps, la Haine; ah! alentour-

Tandis qu’aux arêtes et vitres de la Ville

Massant et quadratures lourdes de pierre, et

Ses dômes enserrant les Têtes…

Lingual et huant si lentement, - Haine, ah! glaive

Appelant tout le désir qui s’exaspère aux

Cinq sens élémentaires...

Monte - pierre et lumière, haut! la Ville, à perte

Du soleil irréel qui tressaille aux senteurs

Mêlées, des hétaïres et des lutteurs!

Mais mouvante de Nuits où des Instigateurs

Agitant le remous des âmes délétères

Travaille le dessein qu’on ne sait, qui peut-être

 (La parole qui se répète est un marteau sous quoi

Les énergies dans la gangue entrent en soi ... )

Peut-être aura été le lourd vouloir, où naître

D’un poing qu’ils énervaient vers les hauts détenteurs

De l’Or, le geste de détente de ton être!

... Oh! lors, qu’il serait doux, ô rendre lourd (couleurs

Qui vont lent s’éteignant), le dormir des douleurs

De la tête qui meut …

A l’épaule d’Amie, Ô rendre lourd l’amour

De deux pauvres de vie en qui de l’espoir sourd...

Les vieilles voix sont aux sens des hommes. Et, Elles

Et la Proie et la Ruse, - le savent! d’avoir

En leur Baiser la perversion du lent devoir

Qu’elles n’ont pas rempli, qui s’est, d’aigu sourire

Regardant les sommeils vidés de leur empire

Mué en le destin des nuits de leurs aisselles

De donner à respirer entre leurs seins, la

Chute, et la haine!

René Ghil (1862-1925)

Source: Poesie.webnet.fr

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