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  • 3/3/2012
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Chiites du Bahrein: les tendances idéologiques jusqu’au 18ème siècle

chiites du bahrein

   Les chiites du Bahreïn ne sont en rien de nouveaux venus sur la scène nationale. On leur trouve en effet des ascendants qui peuplaient jadis l’île d’Aoual (nom du Bahreïn à l’époque préislamique). C’est ainsi que l’éclatement du premier schisme au sein de l’islam conduira à l’apparition de chiites au Bahreïn comme ailleurs sur la péninsule arabique. Dès lors, les principaux événements qui jalonneront l’histoire du chiisme ne manqueront pas d’avoir des répercussions jusqu’auprès de la communauté chiite peuplant le Bahreïn contemporain.

Cette situation deviendra néanmoins beaucoup plus perceptible à partir du 11ème siècle, date à partir de laquelle la plupart des chiites bahreinis se revendiqueront de l’école de Bagdad, s’opposant ainsi de facto aux adeptes de l’école de Hilla.

   Cela ne veut néanmoins pas pour autant dire que les seuls tenants de l’école de Bagdad domineront la scène chiite bahreïnie. A partir du 13ème siècle en effet, nombre de savants chiites religieux se rendront à l’école de Hilla où ils entreprendront un enseignement à l’issue duquel ils retourneront, librement, dans leur contrée d’origine. Au Bahreïn comme ailleurs dans la région, le chiisme reste ainsi extrêmement riche et diversifié.

Il faudra attendre le 16ème siècle et l’avènement de l’ère safavide pour que le chiisme bahreïni, organisé sous forme d’une Ecole, adopte dans sa globalité une tournure franchement traditionnaliste (ou akhbari), qui impliquait l’insistance de ses adeptes sur la nécessité de rester fidèle aux Enseignements des douze imams.

   Néanmoins, sur le plan purement théologique, ce sont les efforts d’interprétation développés par les savants religieux irakiens qui auront le plus d’influence sur les chiites du Bahreïn. Cette phase sera cependant très courte, l’accumulation de conflits politiques régionaux ayant tôt fait de limiter cette communauté dans la possibilité qu’il y avait pour elle de s’atteler à la consolidation d’un pouvoir ouvertement chiite. Les nombreux troubles politiques qui toucheront le Bahreïn à partir du 18ème siècle contraindront ainsi un grand nombre d’oulémas chiites à s’exiler vers l’Irak, l’Iran et d’autres pays de la région 1.

Note:

1. Jawdat al-Qazwîni, Târikh al-moassasa al-dîniya al-shî’iya (Histoire de l’institution religieuse chiite), Beyrouth, Dar al-rafedein, 2005, pp. 256-259. On se référera aussi à Adnan ‘Aliân, Jozour al-tashayyo’ fî alkhalîj wal-jazîra al-‘arabiya : al-shî’a wal-dawla al-‘irâqiya al-hadîtha (Les racines de la «chiisation» dans le Golfe et la Péninsule arabique : les chiites et l’Etat irakien moderne), Beyrouth, Moassassat al-‘âref lilmatboû’ât, 2005, et plus particulièrement les pages 125 à 131 pour ce qui relève du chiisme au Bahreïn.

Contrairement à ce que peut laisser entendre le sous-titre de l’ouvrage, l’auteur englobe la question chiite dans une perspective globale, avec une thèse – parmi d’autres - à la clé : le fait que les connexions tribales restent effectives et prouvées pour l’ensemble des ressortissants de la Péninsule arabique. Dans le cas du Bahreïn, les tribus arabes les plus importantes, Tamîm, ‘Abd-al-Qays, et Bakr ben-Wâel, ont ainsi selon lui une prégnance régionale d’autant plus importante qu’il convient de ne pas oublier qu’elles ont des origines anté-islamiques. 70 Voir le rapport de l’International Crisis Group, Bahrain’s Sectarian Challenge, Middle East Report n° 40, mai

2005, p. 13. Disponible à l’adresse Internet:

http://www.crisisgroup.org/library/documents/middle_east___north_africa/iraq_iran_gulf/40_bahrain_sectarian_

challenge.pdf

Source: Barah Mikhail, La question de la Marja’iyya chiite, Paris: IRIS, 2005

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