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  • 7/3/2012
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Henry Corbin (3)

henry corbin

   Dans le second qui aura changé de titre, à la faveur de sa réédition, Corps spirituel et terre céleste, le prélude à la deuxième édition s’intitule « Pour une charte de l’Imaginal». On y lit ceci: «La fonction du mundus imaginalis et des Formes imaginales » se définit par « leur situation médiane et médiatrice entre le monde intelligible et le monde sensible. D’une part, elle immatérialise les Formes sensibles, d’autre part, elle «imaginalise» les formes intelligibles auxquelles elle donne figure et dimension. Le monde imaginal symbolise d’une part avec les Formes sensibles, d’autre part avec les Formes intelligibles. C’est cette situation médiane qui d’emblée impose à la puissance imaginative une discipline impensable là où elle s’est dégradée en « fantaisie », ne secrétant que de l’imaginaire, de l’irréel, et capable de tous les dévergondages.»

De là ce qui donne une indication claire – et sur laquelle il faudra revenir, quand il sera question des Fidèles d’amour – de ce qu’est une vision: «Si un Nom divin ne peut être connu que dans la forme concrète qui en est la théophanie, de même toute Figure divine archétype ne peut être contemplée que dans une Figure concrète – sensible ou imaginale – qui la rende visible extérieurement ou mentalement».

  On peut donc dire que le plus remarquable chez Henry Corbin est sans doute d’avoir « revivifié » pour l’Occident ce mondes imaginais «qui n’est ni le monde empirique des sens ni le monde abstrait de l’intellect» – dont la notion – et donc la réalité – s’était éclipsée depuis plusieurs siècles de pieux agnosticisme et de Lumières. Or, on conviendra qu’il s’agit de quelque chose qui éclaire considérablement le sens de notre pèlerinage vers nos origines, vers l’Orient, cette nostalgie du « paradis perdu », qui aiguise notre sentiment d’exil en ce monde et avive, pour les uns, le désir eschatologique du monde à venir, pour les autres, l’attente de leur délivrance.

   D’autres ouvrages seront publiés, après 1959, qui récapitulent l’ensemble des travaux de Henry Corbin en matière d’ésotérisme – de gnose. Or, il est indispensable de bien comprendre que l’ésotérisme vu par Henry Corbin, c’est la théosophie mystique et surtout la gnose, en relation avec l’enseignement qu’il avait retiré de la fréquentation des textes ismaéliens et qui lui fera affirmer: «La gnose chiite est par excellence l’ésotérisme de l’Islam ».

En cela, bien sûr, Henry Corbin parait fort éloigné de René Guénon et de l’ésotérisme «traditionnel» tandis qu’en termes d’ésotérisme chrétien, cette orientation de son œuvre l’inscrit dans la lignée de Swedenborg, de Novalis, et surtout de Jacob Boehme.

   Parmi ces ouvrages, il faut citer, par exemple, son Histoire de la philosophie islamique, en 1968. C’est aussi son Anthologie des philosophes iraniens depuis le XVIIème siècle jusqu’à nos jours. Ce sont surtout ses quatre volumes d’En Islam iranien, à partir de 1971. En 1974 vient sa retraite universitaire pendant laquelle il continue à donner des conférences et à séjourner en Iran. Il fonde aussi à Paris une Université Saint-Jean de Jérusalem qu’il définit comme un «Centre international de recherche spirituelle comparée» et qui ne lui survivra guère. Il meurt à Paris le 7 octobre 1978.

Sources:

 http://jm.saliege.com

 http://www.amiscorbin.com

http://fr.wikipedia.org

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