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  • 28/10/2012
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La fabrique proactive d’une opposition contrôlée et d’un ennemi utile

henri laborit

   Ces méthodologies, ou «manières de faire», s’inscrivent dans une logique proactive de construction «a priori» de l’ennemi afin de mieux le contrôler, logique aboutissant au façonnage («shaping») de pseudos groupes révolutionnaires (d’ultragauche) ou terroristes (islamistes), quand ce n’est pas leur création complète ex nihilo par les services secrets occidentaux: counter-gangs d’origines et d’obédiences diverses, d’Al-Qaïda à l’Armée syrienne libre (A.S.L.), sans oublier tout le fatras de racailles sous contrôle que le Qatar, l’entité sioniste et les anglo-saxons travaillent à mettre sur pieds dans nos banlieues, avec la complicité active (et déplorable) d’une partie de nos Renseignements hexagonaux.

   Pour résumer: le moindre petit revendeur sous le manteau de 9.mm est connu et fiché, de la plus petite mosquée aux plus grandes centrales syndicales en passant par la moindre cité HLM, tout est noyauté, infiltré, sous contrôle. Le quadrillage du territoire national par les loges maçonniques qui, en France, détiennent tout l’État profond, la haute fonction publique, les préfectures, les sous-préfectures et les organes du Renseignement, est assez exhaustif. Il faut l’admettre: s’il subsiste encore de l’insécurité dans notre pays en 2012, c’est bien parce que la police en a besoin et la cultive pour divers usages, de la mise en scène politico-médiatique d’une «menace terroriste» fictive (Tarnac, Mohammed Merah) jusqu’au maintien d’un niveau constant d’anxiété dans la population par le laisser-faire intentionnel des incivilités et l’entretien d’un taux minimum de délinquance et de criminalité. Nul besoin de flics ripoux pour normaliser ces pratiques de contrôle social par la peur et le stress, la criminologie scientifique officielle s’en est chargée en appliquant certains résultats de psychologie sociale («Terror management theory») ou de sociobiologie (Henri Laborit) sur le rôle joué par l’anxiété dans l’inhibition de l’action et la production de soumission dans les comportements. Aussi longtemps que nous vivons comme des souris effrayées, au moins nous ne dérangeons pas Goldman-Sachs…

Aujourd’hui, tout individu qui se lancerait dans un passage à l’acte violent finirait donc comme Jean-Marc Rouillan ou Anders Breivik, c’est-à-dire chez les sous-prolétaires du Système, intégralement manipulé mais convaincu d’être un rebelle, et qui donne des prétextes au Système pour sévir encore plus fort. Toute initiative spectaculaire est destinée à finir en prison, à l’asile, ou au cimetière. C’est très exactement à cause de cette stérilité de l’action d’éclat que le Pouvoir cherche à y orienter toute initiative critique à son égard… pour la neutraliser. En effet, le Pouvoir n’aime ni l’invisibilité, ni la discrétion, ni le long terme, car il n’a aucune prise sur des processus dissidents qui cultivent ces qualités.

   En revanche, le Pouvoir maîtrise tout le champ de l’action visible et violente de court terme, raison pour laquelle il veut nous y pousser et nous y retenir. Il veut nous obliger à « sortir du bois» et à nous découvrir pour nous attirer sur son territoire. En un mot: il veut nous pousser à la faute. Dans ces conditions, le premier principe de l’action révolutionnaire pertinente doit être de ne pas se laisser entraîner sur le terrain de l’ennemi. Il a besoin que nous devenions visibles et violents. Soit, restons invisibles et non-violents. Il veut imposer son ordre par le chaos. Soit, infusons de l’ordre par l’ordre dans nos vies et dans celles des autres. Appliquons pour nous-mêmes la double éthique de ce que certains appellent l’Art royal, l’art de se faire oublier et de devenir invisibles, tout en poussant autrui à se montrer dans l’éclat du jour.

L’option révolutionnaire «classique» est donc non seulement impraticable pour les raisons d’impréparation et d’amateurisme évoquées plus haut, mais elle doit en plus être prise exactement à contre-pied dans la mesure où elle nous est suggérée par l’ennemi.

   Dans «Choc et simulacre», Michel Drac évoque également cette création préemptive (proactive) par des services secrets ou des officines diverses du visage de leur propre ennemi pour mieux le neutraliser, dans la lancée du programme états-unien COINTELPRO (Counter-intelligence program), à l’origine de la contre-culture de gauche libertaire des années 1960-70, ou la « méthode Kitson » britannique, fondée sur l’usurpation d’identité et l’opération sous faux drapeau (false-flag).

(A suivre)

Source: Egalite et Reconciliation

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