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  • 28/4/2008
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La quatrième guerre mondiale (6) : la stratégie d’expansion démocratique

    Mis à part les débats concernant la définition du concept de démocratie, on peut dire que la démocratie donne aux citoyens d’un pays la possibilité de participer librement à la prise de décisions politiques. Downs pose huit conditions à l’installation d’un système démocratique 1 :

- existence d’un parti ou d’une coalition partisane capable de gouverner

- élections périodiques

- droit de vote accordé à l’ensemble des résidents du pays

- à chaque personne correspond un vote

- les partis vaincus n’essayent pas de renverser le gouvernement élu

- pas de limitation des activités de l’opposition

- participation d’au moins deux partis aux élections

- le parti ayant recueilli la  majorité des voix peut gouverner jusqu’aux prochaines élections

De son côté, R.Dahl définit cinq critères à l’existence d’une démocratie réelle 2 :

- l’équivalence du vote

- participation efficace

- compréhension des enjeux de la part de l’électorat

- contrôle du programme politique

- globalité

    Des chercheurs ont distingué l’existence de différents types de démocratie appelés : « démocratie directe », « démocratie sociale », « démocratie industrielle », « démocratie chrétienne », « démocratie multi éthnique », « démocratie corporatiste » ou « télé-démocratie ».

L’opinion de la « paix démocratique »

   La paix démocratique stipule que la probabilité d’une guerre entre pays démocratiques est plus faibles qu’entre pays ayant des systèmes politiques différents car les peuples ayant une nature pacifique, l’influence de leur avis sur les prises de décisions politiques réduit la volonté de faire la guerre. L’expérience historique démontrerait que la guerre a souvent été provoquée par des régimes autocratiques et la « paix démocratique » est une théorie évoquée dans les milieux internationaux pour renforcer la coopération pacifique entre les pays.

Démocratisation du Moyen-Orient

    Après l’opération du 11 septembre 2001, des analystes américains se sont rendus compte que l’autoritarisme des régimes arabes en place pouvait être une source de développement du terrorisme, en empêchant la diffusion des idées modernes. Le soutien de Washington à ces régimes pouvait également contribuer à la frustration des populations arabes 3. La démocratisation du Moyen Orient est donc considéré comme l’antidote au terrorisme, mais faut-il pour cela utiliser la force ou au contraire privilégier une stratégie progressive et pacifique ?

La démocratisation par la force

nathan sharansky

   La partie extrémiste des stratégistes américains, proche du Likoud israélien, se retrouve au sein de think-tank américains tels que Hoover Institute et Enterprise Institute, pour insister sur la nécessité qu’ils voient d’imposer la démocratie par la force, fût-ce contre la volonté des populations elles-mêmes.

Nathan Sharansky, un politicien israélien, affirme ainsi dans son livre intitulé Défense de la démocratie : le pouvoir de la liberté pour vaincre la dictature et la terreur, que la démocratie est une nécessité si l’on veut installer la sécurité et la stabilité au Moyen Orient et c’est aussi une condition pour la sécurité des pays européens.

   Le président G.Bush s’est publiquement appuyé sur l’ouvrage de Sharansky dans la définition de sa politique étrangère. De son côté, Walter Curtis, dans son livre intitulé Impérialisme démocratique, prend comme modèle les Indes britanniques pour appeler les Etats-Unis à occuper militairement le territoire arabe pendant quelque temps afin d’imposer la démocratie sur ces territoires.

La démocratisation en douceur

   Il s’agit d’une démocratisation par des moyens économiques et culturels. La privatisation de l’économie est vue comme l’étape liminaire permettant l’émergence d’une société civile. L’accès d’un nombre croissant de la population à l’enseignement supérieur permet le pluralisme idéologique et politique nécessaire au projet.

Les reformes économiques structurelles contribuent à une modification en profondeur du tissu social en faveur de la démocratie.

   C’est dans cette optique que Bush avait un moment évoqué la création d’une zone régionale de libre-échange. Parallèlement, afin d’améliorer la gouvernance politique de ces régions, les mesures suivantes sont considérées :

- renforcement du rôle de la loi dans les institutions, en particulier l’institution judiciaire

- renforcement du rôle des parlements

- création de commissions parlementaires contre la corruption étatique

- décentralisation des procédures administratives

- soutien financier aux organisations non gouvernementales actives en faveur de l’environnement et de la lutte contre la corruption

- aide à l’éducation démocratique populaire 

- création d’un institut d’enseignement démocratique et des techniques démocratiques

- traduction et distribution des livres de philosophie politique américains vers l’arabe

- stages de formation des parlementaires locaux aux techniques démocratiques

- aide à la décentralisation de l’enseignement égyptien depuis Alexandrie

- publicité pour les sites « internet » dans les écoles

   Les Etats-Unis se livrent à ces activités de manière extensive dans tous les pays cibles mais en adaptant leur tactique aux circonstances locales de chaque pays, compte tenu de l’idéologie populaire, du degré d’implication politique de la population et de la manière de gouverner adoptée par le pouvoir local.

   Il est clair que ce processus de démocratisation requiert de la part des pays candidat une adhésion suffisante aux thèses promues. Or, il est évident que les circonstances prévalant en Irak et en Afghanistan diffèrent de celles qui avaient cours en Allemagne et au Japon suite à la seconde guerre mondiale.

En fait, il apparaît que le système démocratique ne pourra s’installer dans cette région qu’à la condition d’intégrer pleinement l’opposition dans le processus, laquelle est largement dominée par les groupes islamiques.

1. DOWNS, An Economic Theory of democracy, New York : Harper Brothers, pp.23-24

2. DAHL, Democracy and its critics, London: Yale University Press, pp.220-222

3. WINDSOR.J, “Promoting democratization can combat terrorism?”, Washington Quaterly, summer 2003, pp.157-160

 

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