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  • 15/6/2008
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Quatre siècles d’échange littéraire franco-iranien (1)   

hérodote  

   L’Iran connu autrefois sous le nom de la Perse a, depuis la nuit de l’histoire, été au centre de l’intérêt pour les civilisations occidentales. Est-ce par hasard que la plus ancienne tragédie grecque qui nous soit parvenue dans son intégralité porte comme titre Les Perses? Cette pièce d’Eschyle relate, en fait en 472 avant l’ère chrétienne, la défaite des Perses pendant la deuxième guerre médique qui dure de 480 à 479.

D’ailleurs, cet intérêt n’est pas uniquement d’ordre politique ou militaire : Au Ve siècle av.J.-C. déjà, Hérodote, grand  historien et voyageur grec admirait chez les Perses leur caractère ésotérique, ce qui serait, croyons-nous, à la base de toute doctrine gnostique.

   Voici les coutumes, écrit-il, qu’observent à ma connaissance les Perses: leur usage n’est pas d’élever aux dieux des statues, des temples, des autels ; ils traitent au contraire  d’insensés ceux qui le font: c’est à mon avis parce qu’ils ne croient pas, comme les Grecs que les dieux aient une forme humaine.1

   Avec la Renaissance, les relations entre l’empire perse et les grands royaumes d’Europe dont la France prennent un nouvel essor : autorisées par Abbas le Grand, les missions catholiques se multiplient, les voyageurs redécouvrent le pays, les négociants s’y rendent pour faire du commerce en gros et les humanistes s’y intéressent, désireux  non seulement des idées et des sciences des Iraniens, mais aussi en quête des idées occidentales particulièrement grecques consignées dans les traductions arabes et persanes.2

 Francis Richard, écrit à ce propos :

Dans le sillage de l’humanisme du XVIe siècle, la recherche des textes scientifiques, philosophiques ou historiques de l’Antiquité transmis aux musulmans, et l’intérêt croissant pour la philologie, amèneront plusieurs savants à s’intéresser à l’Iran.3 

   C’est grâce à ces gens-là, en effet, que de nouvelles perspectives littéraires s’ouvrent entre les deux pays. Pour mieux accomplir leur fonction, ces négociants, voyageurs  et missionnaires trouvent, à leur tour fort opportun, d’apprendre la langue persane.

   Ils découvrent alors une très riche littérature qu’ils commencent, de leur mieux, à traduire dans les langues européennes et tout particulièrement la langue française.

   Parlant de la littérature persane et des grands poètes persanophones, René Grousset de l’Académie française insiste bien sur leur caractère universel :

(Ils) ont atteint l’universel. Les sentiments qu’ils expriment émeuvent directement un Français comme un Indien, un Turc comme un Géorgien (…) Ils appartiennent à l’humanité tout entière.4

(A suivre...)

 Notes:

1 - Hérodote, in Voyageurs anciens et modernes, Collection dirigée par E. Charton, Bureaux du Magasin Pittoresque, Paris, 1863, p.98 

 2- Rappelons qu’un grand nombre d’ouvrages de langue arabe de la période post-islamique est l’œuvre des Iraniens qui écrivaient en persan et en arabe. C’est par exemple le cas d’Avicenne, de Mohammad Razi, de Farabi etc.

3 - Francis Richard, Aux origines de la connaissance de la langue persane en France, in revue Luqmân, 3e année, N° 1, 1986-87, p. 24

 4- R. Grousset,  L’Ame de l’Iran et l’humanisme (Préface), Albin Michel, Paris, 1951, p. 11

 

Source:Revue Le Pont, N:4, été 2007, P.12.

Dr. Mohammad ZIAR

Université azad islamique de Téhéran

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