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Le bazar

rue du bazar, bain, époque safavide

   Le bazar (le mot vient du pehlavi vacar) est le centre économique traditionnel d’une cité musulmane. Il abrite les artisans, les vendeurs et les négociants. On y pratique du commerce de gros ou de détail, d’objets utilitaires ou de luxe.

Les éléments fonctionnels et commerciaux du bazar ont été hérités de l’Antiquité, mais leur organisation est typiquement musulmane. A côté des bazars principaux au cœur des villes, il existe des bazars de quartier, de banlieue, de campagne ou de pèlerinage (comme à Mashhad).

   Le bazar est constitué de rues et de ruelles ponctuées de carrefours voûtés et bordées d’échoppes, d’ateliers, d’entrepôts, de caravansérails, de bains et de mosquées. Les artisans et les vendeurs y sont groupés par métiers (orfèvres, verriers, ouvrier sur cuir, etc.), mais certains artisans travaillent à l’extérieur du bazar.

Un surveillant veille au respect des règles commerciales et à l’entretien général des lieux. Les rues du bazar sont souvent couvertes de coupoles de briques, parfois ornées de céramiques.

Leur architecture actuelle est le fruit d’innombrables transformations effectuées au cours des siècles. La plupart des bazars d’Iran remontent à l’époque safavide, Zand ou qãjãre (XVIe s.-1925). Lieu public et donc masculin, le bazar est un lieu de rencontres, de pouvoir politique, de ferment social, d’union de l’économie et du pouvoir religieux.

   Les dédales de son architecture et les cours protégées des regards sont le miroir des intrigues, des liens familiaux, professionnels ou initiatiques qu’ils cachent et révèlent. Vitrine des richesses d’une ville et d’une ouverture au monde par ses produits, il est un relais des cultures et des échanges d’idées. Le bazar est à lui seul un condensé de la société et du monde. Si des artisans travaillent encore selon d’anciennes techniques, dans les échoppes, des produits industriels ou des marchandises de pacotille ont le plus souvent remplacé les produits artisanaux.

Le déclin des bazars

   Déclinants depuis le XIXe s., les bazars ont été détrônés puis bouleversés par l’étatisation de l’économie, l’industrialisation, les circuits de distribution modernes et internationaux, les centres commerciaux à l’occidentale.

Hormis dans les quartiers ou les villes secondaires, le bazar est souvent réduit à un «édifice historique»: il est le décor d’un commerce qui a perdu ses valeurs éthiques et sa fonction sociale ancienne.

   Les bazaris représentent encore un fort lobby politique, mais ils ont dû s’adapter, en mélangeant leur culture traditionnelle aux règles modernes des affaires. Généralement conservateurs, politiquement à droite, volontiers opportunistes, ils sont aujourd’hui liés à l’Etat sans lequel rien ne peut se faire.

Source: RINGGENBERG. Patrick, Guide culturel de l’Iran, éd. Rowzaneh, Téhéran, 2005, PP.149-150.

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