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  • 4/3/2012
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Chiites d’Irak face au baasisme: affirmation de la direction religieuse

chiites d’irak

   D’abord intellectuel et culturel, ce mouvement aboutit donc rapidement a l’affirmation d’une direction a la fois religieuse et politique où la marja’iyya et le mouvement islamiste se renforcent réciproquement. Le parti Da’wa compte parmi ses fondateurs: le cheikh Mahdi al-Khalisi, le petit fils de l’ayatollah du même nom qui avait dirigé la lutte contre le mandat britannique au début des années 1920 ; Mahdi al-Hakim, le fils aîné de Muhsen al-Hakim ; et enfin Muhammad Baqer al-Sadr 1.

Le pouvoir du parti Da’wa en Irak sera largement affaibli, d’une part, par la campagne de répression baasiste massive contre l’organisation, avec l’arrestation et l’exécution en juillet 1974 des cadres et des figures importantes du parti chiite, et d’autre part, par l’exil forcé ou la fuite d’une grande partie du leadership du parti Da’wa vers l’Iran, le Liban, le Golfe et la Jordanie, du fait de la répression exercée à son encontre en Irak.

   En mars 1980, une centaine de membres du parti sont exécutés en accord avec la résolution 1 du Conseil du Commandement de la Révolution - qui condamne l’appartenance au parti comme un délit - votée le 31 mars 1980 et qui agit de manière rétroactive. Cette répression culmine en avril 1980 avec l’exécution de Sadr, symbole de l’opposition chiite a l’Irak de Saddam et de sa soeur Bint al Huda 2. Au milieu des années 1970 est créée l’Organisation de l’Action Islamique (Munazzamat al ‘Amal al Islami, MAI) en réponse à la menace représentée par le régime baasiste national laïque. La formation du MAI, associée à la famille Shirazi, constituait la deuxième réponse islamiste chiite au Baas, et son objectif était de défendre l’image qu’elle se faisait de «l’identité chiite». Shirazi considérait que les partis qui adoptaient les pratiques occidentales dans leur travail finissaient par devenir non-islamiques. Shirazi n’était pas du tout apolitique.

Au contraire, il était en faveur d’une politique chiite sous la supervision directe des oulémas. En ce sens, il était très proche du concept de velayat-e-faqih. L’influence de Khomeini sur l’argumentation de Shirazi n’est pas à négliger dans la mesure où Khomeyni, lorsqu’il était arrivé à Najaf en 1963, avait été accueilli par la famille Shirazi (qui fut toujours considérée comme iranienne).

   Le MAI prit ses distances avec le parti Da’wa et reprit ses activités à Karbalã. Les deux groupes se sont farouchement opposés et le fait qu’ils soient localisés l’un à Karbalã, l’autre à Najaf n’a fait qu’exacerber les jalousies historiques entre ces deux villes saintes.

Notes:

1. Pour un compte-rendu plus détaillé sur les fondateurs du parti, voir le chapitre 4 de F. A. Jabar, The Shi’ite movement in Iraq, Saqi, 2003.

2.  Joyce WILEY, The Islamic Movement of Iraqi Shi’as, Lynne Rienner Publishers, 1992, p.55.

Source: Barah Mikhail, La question de la Marja’iyya chiite, Paris: IRIS, 2005

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