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  • 5/3/2012
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Les chiites d’Arabie: Chiisme et tribalisme : une communauté ancrée dans l’histoire du pays

les chiites d’arabie saoudite

   On ne saurait voir à travers les chiites saoudiens une «cinquième colonne» dont la présence serait le résultat d’un téléguidage étranger. A l’instar de leurs coreligionnaires sunnites, les membres de cette communauté ont en effet une présence territoriale longue de plus de 1400 ans. L’islam est ainsi né au sud de la péninsule arabique, sur le territoire de l’Arabie saoudite contemporaine. L’apparition du premier schisme intermusulman avait certes conduit à des tensions et affrontements communautaires doublé d’un exode fréquent de musulmans chiites. Mais ces mouvements ne se sont, dans leur globalité, pas traduit par des déracinements massifs. C’est pourquoi il convient de noter que l’apparition du chiisme, et les adeptes qu’il fera, n’entravera pas, malgré le passage du temps, cette autre réalité régionale qu’est le tribalisme. La structure bédouine originelle des autochtones de la péninsule arabique reste ainsi une réalité qui s’impose à leur ensemble, sunnite ou chiite. Dès lors, le fait pour les Saoudiens chiites de s’exprimer en termes d’ascendance tribale constitue une norme bien plus qu’une exception. Par exemple, les tribus de Rabi’a, dont découleront les tribus de abd el-Qayss et de Bakr ben Waël, sont des formations autochtones antéislamiques dont l’essentiel des chiites imamites saoudiens se revendiquent aujourd’hui encore.

Une situation qui, évidemment, ne préjuge pas des influences extrarégionales qu’ont connues les tribus saoudiennes chiites comme sunnites au fil de l’histoire, que ce soit du fait de mouvements de migration perses, africains ou encore asiatiques à destination de la péninsule.

   Mais l’ascendance tribale prouvée des Saoudiens chiites reste nécessairement partie d’une réalité sociologique qui déborde le cadre exclusivement saoudien. Le phénomène tribal moyen-oriental est en effet naturellement transfrontalier, et c’est pourquoi les tribus saoudiennes, toutes obédiences et toutes confessions confondues, connaissent immanquablement des connexions avec les ressortissants de pays avoisinants. Il sera ainsi très rare de voir une tribu saoudienne pouvoir prétendre à une singularité strictement nationale, du point de vue factuel et historique s’entend. Les Saoudiens chiites connaissent nécessairement une continuité tribale avec leurs coreligionnaires du Yémen, du Bahreïn, du Koweït, de l’Irak, de l’Iran, de la Syrie, voire du Liban. Une nuance se doit cependant d’être apportée ici sur le plan des implications éventuellement générées par cette réalité.

Si les connexions tribales sont connues – et parfois reconnues – par les membres des tribus concernées, cela ne signifie pas pour autant que la «solidarité de corps» soit la norme, loin s’en faut. Les chiites d’Arabie saoudite – pour ne parler que d’eux – semblent ainsi avoir leur confession pour principal déterminant identitaire, mais ils s’organisent en fonction d’un seul cadre national.

Source: Barah Mikhail, La question de la Marja’iyya chiite, Paris: IRIS, 2005

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