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  • 1/5/2012
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Chiites koweitiens: après l’indépendance de 1961

chiites du koweït

   Au lendemain de l’indépendance néanmoins, son souci de ne pas laisser le sentiment panarabe prendre plus de poids politique et d’affirmation le poussera à laisser le champ libre à la constitution de mouvements sociaux plutôt que de partis politiques. Ainsi, dès 1968, on assistera à la création par la communauté chiite koweitienne de l’Association culturelle etsociale, mouvement évidemment déconnecté de toute action politique. Parapolitique tout au mieux, cette structure se limitera à des revendications d’ordre social, telles que la demande de construction de mosquées chiites ou encore de structures représentatives des intérêts religieux chiites (les husseyniyât). L’émir du Koweït voyait là un moyen de laisser les chiites nationaux prétendre à une forme de représentation qui résidait dans la seule présence d’une vitrine démunie de toute portée politique concrète.

Peu de temps après, c’est la jamaa shirazi qui fera son apparition sur la scène koweitienne. Appelée ainsi du fait du nom de son fondateur, le cheikh Mohammad Al-Shirazi, cette instance aura tôt fait d’entrer en concurrence avec l’Association culturelle et sociale.

   Chacun de ces deux mouvements cherchera en effet très vite à rallier à lui le maximum de ressortissants chiites koweitiens, particulièrement les plus jeunes d’entre eux. Le résultat en sera la perpétuation de leur affrontement, au détriment de la consolidation des intérêts chiites sur le plan de la représentation nationale. Les chiites du Koweït n’échapperont pas, sur le modèle de leurs coreligionnaires régionaux, à la vague de méfiance qui éclatera à leur encontre au lendemain de la révolution islamique d’Iran. La période des années 1980 se caractérisera ainsi par la croissance du ressentiment koweitien anti-chiite, et les évolutions de la guerre Irak-Iran (1980-1988) ne feront rien pour l’apaiser. La guerre du Golfe de 1991 modifiera quelque peu cette donne, mais sans pour autant la bouleverser.

Les sunnites du Koweït réaliseront en effet que le soutien de leur pays à Saddam Hussein durant les années 1980 n’avait pas empêché l’Irak, et non l’Iran, à se retourner contre eux. Une fois le conflit retombé, on ne sera pas pour autant devant une quelconque cimentation du sentiment national koweitien, loin s’en faut.

   Cependant, l’invasion du Koweït par S. Hussein aura placé la majorité des Koweitiens devant une nouvelle réalité, à savoir que si le choix iranien ne leur semblait toujours pas du meilleur augure, la composition de leur pays avec le régime irakien, contre l’Iran, n’avait pas pour autant été d’une grande aide pour eux, loin s’en fallait. C’est en ce sens que les années 1990 se caractériseront par une relative accalmie sur le plan des suspicions confessionnelles interkoweitiennes.

Source: Barah Mikhail, La question de la Marja’iyya chiite, Paris: IRIS, 2006

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