• Nombre de visites :
  • 2130
  • 10/12/2013
  • Date :

Le professeur Bãstãni Pãrizi (3)

le professeur bãstãni pãrizi

   Intéressé par le cinéma depuis son enfance, où il avait inventé une boîte pour diffuser des films, Bãstãni Pãrizi estime que, malgré la durée de relations marquées par des ruptures et des réconciliations successives, les travaux des cinématographes et ceux des historiens sont viscéralement liés. Pour lui, le cinéma est un phénomène qui a bouleversé toute la société et qu’on ne peut pas négliger; par ailleurs, il est impossible qu’on lui permette de s’imposer inconditionnellement au sein de l’ensemble de la société.

Il éprouve une profonde reconnaissance à l’égard de Javãd Mirhãshemi, l’auteur d’un documentaire sur sa célèbre autobiographie, De Pãriz à Paris, qui présente la vie et le travail du grand historien.

   Le professeur Bãstãni Pãrizi croit que l’avenir de la culture iranienne sera encore plus resplendissant que son passé glorieux. Pour conclure cette introduction et afin de présenter l’écriture de cet auteur éminent, voici trois récits issus de son vécu personnel:

Un temps passé…

   Quand la décision de publier le grand dictionnaire de Dehkhodã fut prise, on se demandait comment financer cette entreprise. Les plans proposés exigeaient des sommes colossales dont aucun ministère n’avait envie de prendre la charg ; or le regretté général Riãzi (ministre de la culture) donna un conseil bizarre: «Ma proposition est qu’on vende les matières fécales des chevaux de l’école militaire pour réunir le budget nécessaire à la publication de l’encyclopédi!» Ainsi, le premier volume fut publié et bien qu’on consacrât plus tard un budget d’Etat à cette œuvre gigantesque, sa publication aurait connu un retard considérable si les chevaux de l’école militaire avaient refusé de faire leurs besoins!

Parler en arabe

   L’arabe oral est très différent de l’arabe écrit qu’on étudiait à «l’Université de Pãriz». Ainsi, on était incapable de communiquer à l’oral et ce que l’on puisait dans notre vocabulaire ne servait à rien, car les mots de l’usage quotidien étaient autres que ceux employés dans les livres des érudits de cette langue. Or, un jour, des étudiants arabes étaient à l’école Ebrãhim Khân de Kermãn et les élèves essayaient de se faire comprendre en arabe auprès d’eux. Pour dire en arabe «voici ma chambre», un élève avait dit « cette cellule qui vient après appartient à moi» (hazhihi al-hujra al-’aqiba tata’allaq bi) - bien sûr cette phrase était correcte du point de vue grammatical, mais elle ne correspondait point aux exigences de l’usage courant.

Ses interlocuteurs arabes lui avaient conseillé de parler persan car ainsi, ils le comprenaient plus facilement que s’il avait parlé l’arabe littéraire!

La menue monnaie

   On avait l’intention de voyager en Irak et je dis à ma famille: "Nous ne connaissons pas bien la langue arabe et on pourrait avoir des problèmes." Une fois à la douane irakienne, je me demandai comment on appelait la menue monnaie en arabe courant. A un marchand de change qui tenait une bourse pleine d’argent et échangeait les devises, je demandai comment on disait "écu" en arabe, tout en pensant au mot écaille au pluriel. La réponse ne manqua pas de me surprendre: on le nommait khordeh en Irak, un mot persan! J’avais l’esprit tranquille, surtout que la ville suivante de notre parcours portait le nom de Shahrbãn! Encore un mot de notre vocabulaire et ainsi, je finis par trouver les Arabes plus persans que nous autres, les Iraniens.

Bibliographie:

- Bãstãni Pãrizi, Mohammad Ebrãhim, De Pãriz à Paris, éd. Javidân, Téhéran, 1972.

- Bãstãni Pãrizi, Mohammad Ebrãhim, Les joueurs du château vert, éd Amir Kabir, Téhéran, 1994.

- Bãstãni Pãrizi, Mohammad Ebrãhim, Le loup expérimenté, éd. Niloufar, Téhéran, 2011.

- Une fourmi en détresse, entretien avec Bãstãni Pãrizi, revue Boukhãrã, no. 46.

  • Imprimer

    Envoyer à un ami

    Commenter (0)