Recherche scientifique et formation à la religion islamique en France

A l’heure où l’Islam semble susciter un intérêt grandissant parmi la population française, qui compte en son sein plusieurs millions de musulmans, il apparaît nécessaire aux pouvoirs publics et aux représentants communautaires de proposer une offre adéquate de formation à l’Islam. Mais cet effort louable d’information n’est pas dénué d’arrière-pensées. Aussi est-il complètement normal que chaque regroupement cherche à diffuser sa vision de l’Islam en mettant en avant ses objectifs pédagogiques et ses priorités organisationnelles et intellectuelles. Mais le principe d’une formation des religieux par des institutions laïques, voire étatique, est tout à fait discutable car chaque communauté a le droit de se choisir ses propres chefs religieux, qui doivent jouir par définition d’un pouvoir charismatique et d’une légitimité spirituelle suffisante pour être acceptés par leur coreligionnaires. Semblables efforts et budgets consacrés à la compréhension de l’Islam et à la diffusion d’une version acceptable de l’Islam traduisent la prise de conscience d’une demande et plus précisément, d’une montée en puissance de ce que les sociologues appellent le «fait religieux».

Même si la réislamisation de la communauté musulmane renvoie à l’effort de réappropriation identitaire par les intellectuels musulmans du début du 20ème siècle, il ne fait aucun doute que la Révolution islamique menée par l’Imam Khomeyni (que Dieu l’agrée) en Iran depuis les années 1960 a joué un rôle majeur dans l’apparition de cette tendance.

Il est par ailleurs évident que cette «ouverture» au fait religieux de la part du Ministère de l’Intérieur est plutôt un accompagnement, pour ne pas dire contrôle, et qu’elle se couple d’une répression féroce des signes d’épanouissement de la religiosité à travers notamment les signes religieux islamiques. Bien sûr faut-il concéder que la soutane des prêtres a disparu du paysage français depuis le Concile du Vatican II, mais cette évolution était une décision souveraine émise par le Vatican, pas une interdiction étatique ! Par conséquent, une équation se met en place pour savoir qui prendra le dessus dans cette lutte intellectuelle qui oppose des représentations concurrentes de l’Islam. Ce débat ne pourra de toute façon qu’être fructueux et aboutir à une meilleure compréhension de l’autre.

L’internet continuera de jouer un rôle important de transmission des savoirs, en particulier à travers l’offre de formations à distance.