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  • 31/7/2010
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Origines et modalités du Waqf

document attestant le waqf de haseki hurrem sultan, première page contenant une prière, musée des arts turcs et islamiques.

«Les biens et les enfants sont l’ornement de la vie de ce monde. Cependant, les bonnes œuvres qui persistent ont auprès de ton Seigneur une meilleure récompense et [suscitent] une belle espérance.»

Sourate Al-Kahf, verset 46.

   Le mot Waqf vient de la racine trilitère Waqafa qui signifie littéralement "stopper" ou "immobiliser". Le Waqf consiste ainsi à faire don d’une propriété de manière définitive et incessible – et donc à l’«immobiliser» - afin de consacrer les revenus qui en sont issus à une cause choisie par le donateur. En d’autres termes, lorsqu’une personne cède son bien sous forme de Waqf, elle en perd la propriété et ne peut ni le reprendre, ni le céder. La propriété du bien demeure donc figée à jamais et est inaliénable.

Cette pratique, qui n’est pas mentionnée telle qu’elle dans le Coran, a été recommandée par le Prophète Mohammad lui-même et s’est répandue dès les premières années de l’Islam, favorisant notamment l’essor des sciences et l’amélioration du sort des plus démunis.

   Si les aspects bénéfiques du Waqf au niveau social semblent évidents, cette pratique recèle également des dimensions spirituelles parfois insoupçonnées qui s’enracinent dans une vision particulière de l’homme et de la religion présente au sein de l’Islam. Le Waqf peut ainsi être considéré comme une manifestation de l’étroite harmonie existant entre individuel et social, ainsi qu’entre sphère spirituelle et matérielle caractérisant la majorité des pratiques de cette religion.

   Si le Waqf n’est pas évoqué nommément et directement dans le Coran, son esprit s’accorde parfaitement avec de nombreux versets. Cette pratique serait née à la suite de la réponse du Prophète Mohammad à l’un de ses compagnons qui lui avait demandé comment il pouvait utiliser de la meilleure façon les terres qu’il venait d’acquérir à Khaybar. Mohammad lui conseilla d’en immobiliser le fond et de donner en aumône les produits ou revenus qui en étaient issus: ces terres ne pourraient dès lors plus être vendues, héritées ni léguées afin de permettre une continuité de cet acte de charité. Une tradition était née. Elle se répandit ensuite, comme nous le verrons, dans la plupart des pays musulmans pour devenir une institution à part entière.

Actuellement, le Waqf consiste le plus souvent à céder l’ensemble ou une partie de la propriété d’un bien immobilier. Il est ainsi possible de déterminer un pourcentage des biens produits par une entreprise et de l’allouer chaque année sous forme de Waqf, sans pour autant perdre la totalité de la propriété de cette dernière.

Un autre type de Waqf, qui a d’ailleurs été souvent critiqué, consiste à céder la propriété ou une partie de la propriété d’un bien à l’un des membres de sa famille afin de favoriser l’un de ses enfants ou de garantir qu’un bien reste au sein d’une même famille et puisse se transmettre d’une génération à l’autre. Cette pratique, qui semble s’éloigner de la dimension caritative du Waqf original, est appelée le Waqf Ahli ou "familial" en opposition au Waqf khayri ou "de charité".

   La gestion des biens cédés sous forme de Waqf est confiée à une personne ou à une fondation qui se charge d’en répartir les revenus selon la cause déterminée par le donateur. Chaque Waqf requiert donc la présence de quatre personnes: la personne qui lègue son bien (W?qif), l’administrateur du bien (Motavalli), le juge (Q?dhi) et le(s) bénéficiaire(s) (Mawqouf ’Alayh).

Le Waqf doit également s’accompagner d’une déclaration officielle souvent consignée sous forme d’un acte juridique ou Waqfn?meh en persan. Les biens cédés peuvent être des terres cultivables, des fermes, des bâtiments, des entreprises, des arbres... [1] et les bénéficiaires, des institutions (religieuses, éducatives, sociales), une catégorie particulière de personnes comme les orphelins, les personnes démunies, les voyageurs ou même, comme nous l’avons évoqué, les membres de sa propre famille. Ce système est également appelé «habous» (qui vient de habasa signifiant «enfermer», «retenir»), notamment au Maghreb.

Note

[1] Il existe néanmoins des désaccords entre les différentes écoles juridiques sur la question de la possibilité de léguer des biens meubles comme des animaux, des équipements industriels, de l’argent…

Source: Teheran.ir

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