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  • 7/8/2010
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Un acte base sur une certaine vision de l’homme et de la religion

waqf

   Le fait de donner ses biens sous forme de Waqf est fondé sur une conception particulière de l’homme et de sa fin ultime.

Selon une logique individualiste et égoïste, le but ultime de l’homme est d’accumuler le maximum de bénéfices matériels et d’éviter tout ce qui pourrait conduire à une perte de son capital. L’Islam se base sur une autre vision selon laquelle l’homme a des devoirs envers son prochain, tandis que la vie terrestre et l’ensemble de ses richesses matérielles ne sont pas une fin en soi, mais servent à préparer une vie future et éternelle.

   L’Islam est également une religion sociale au sens où l’attention et l’aide apportées à la communauté font partie intégrante de la foi et de la pratique, au même titre que les actes de piété individuels. [1] Ainsi, dans la Sourate «Les croyants», le fait de «s’acquitter de la Zakãt (l’aumône obligatoire)» (23:4) fait partie des caractéristiques principales du croyant, tandis que la description des «pieux» figurant au début de la Sourate «La Vache» les décrit comme des gens qui «dépensent [dans l’obéissance à Dieu] ce qu’[Il] leur a attribué» (2:3).

Le croyant est donc une personne «dans» la société; conscient de ses problèmes et ayant le devoir de contribuer à l’amélioration de la condition de ses pairs. Un hadith du Prophète Mohammad évoque ainsi que «Toute personne qui se lève en n’ayant pas l’esprit occupé par [les problèmes de] sa communauté n’est pas un musulman» [2].

    Les Imams du Chiisme ont également beaucoup insisté sur l’importance des valeurs d’entraide et de l’attention portée à son prochain: ainsi selon le septième Imam, «celui rend heureux le cœur d’un musulman, Dieu réjouira son cœur le Jour de la Résurrection». [3]

waqf

   Absent du Coran, le waqf ne peut donc pas être considéré, au même titre que le jeûne ou l’aumône par exemple, comme un commandement divin et une obligation. Cependant, il s’accorde parfaitement avec l’importance de la notion de charité dans le Coran, tant au niveau social qu’individuel et spirituel:

«Vous n’attendrez la [vraie] piété (al-barr) que si vous faites des largesses de ce que vous chérissez.» (3:92). Ainsi, au niveau individuel, l’Islam considère l’homme comme le "successeur" (khalifa) de Dieu sur terre et Son plus éminent représentant: "Lorsque ton Seigneur confia aux anges: "Je vais établir un successeur" […] Et Il apprit à Adam tous les noms." (2:30-31); "Puis Il lui donna sa forme parfaite et lui insuffla de Son Esprit." (32:9).

   Né du souffle divin et connaissant les noms de Dieu, l’homme a donc en lui les potentialités lui permettant de devenir un homme parfait à l’image de son Créateur; c’est-à-dire d’être, comme lui, généreux, compatissant, miséricordieux…en actualisant toutes les perfections que Dieu a déposées dans sa nature.

Par conséquent, si une personne donnant une partie de ses biens sous forme de Waqf doit le faire pour Dieu et afin de gagner Son assentiment, son acte lui permet également de se rapprocher et de ressembler à son Créateur qui donne à Ses créatures sans compter: "Dieu accorde Ses bienfaits à qui Il veut, sans compter." (2:212).

    Contrairement à l’aumône obligatoire ou non obligatoire qui ne sont données qu’une fois, les biens cédés sous forme de Waqf dégagent constamment de nouveaux revenus. Ainsi, les effets positifs découlant du don profitent non seulement à la société et à la «cause» choisie, mais aussi, sur le plan spirituel, à son donateur durant sa vie et même après sa mort.

Notes:

[1] A titre d’exemple, ce verset montre l’équilibre existant entre dimension individuelle et sociale en Islam: "Ils sont ceux qui se repentent, qui adorent, qui louent, qui parcourent la terre (ou qui jeûnent), qui s’inclinent, qui se prosternent, qui commandent le convenable et interdisent le blâmable et qui observent les lois de Dieu... et fais bonne annonce aux croyants." (9:112) L’adoration, l’inclination et la prosternation font référence aux actes de piété individuels tandis que le fait d’ordonner le convenable et d’interdire le blâmable souligne le rôle que doit jouer le croyant dans la société.

[2] Osoul Kãfi, V. 2, P. 164.

[3] Wassã’il Al-Shi’a, V. 6, P. 582.

Source: Teheran.ir

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