Le marché du Halal en France
Le marché dit «halal» n’est pas une réalité nouvelle en France. La France a toujours eu un marché dit halal, que ce soit grâce aux colonies ou à la présence d’immigrés étrangers. Ce qui est nouveau, c’est l’ampleur du phénomène, sa reconnaissance officielle et la visibilité de ce marché suite à la prise de conscience qui en résulte. A l’occasion du mois béni de Ramadan, nous donnons aujourd’hui quelques caractéristiques de ce marché.
Estimation chiffrée du marché halal en France
Selon le rapport de l’ASIDCOM intitulé «la certification halal en France», le marché du Halal est estimé à 580 milliards de dollars US dan le monde (source World Halal), 9 milliards en Europe dont 3,5 à 5 milliards d’euros réalisés en France, premier marché européen. Ce marché est en croissance de 15% par an et devrait conserver cette allure à l’horizon 2012.
Selon le bureau de contrôle hollandais « Halal correct », la consommation mondiale de viande halal ou dite halal dépasse les 150 milliards de dollars, celle du marché européen avoisine les 18 milliards de dollars. En France, 3 milliards d’euros de consommation pour environ 5 millions de musulmans. Pour 2010, selon le cabinet Solis, qui a publié récemment une étude sur le secteur halal, réalisée auprès de 1.648 personnes dans quatre régions françaises, le chiffre d’affaires du marché de l’alimentaire halal devrait atteindre 5,5 milliards d’euros, dont 1 milliard d’euros pour la restauration.
Selon le bureau de contrôle hollandais «Halal correct», la consommation mondiale de viande halal ou dite halal dépasse les 150 milliards de dollars, celle du marché européen avoisine les 18 milliards de dollars. En France, 3 milliards d’euros de consommation pour environ 5 millions de musulmans. Pour 2010, selon le cabinet Solis, qui a publié récemment une étude sur le secteur halal, réalisée auprès de 1.648 personnes dans quatre régions françaises, le chiffre d’affaires du marché de l’alimentaire halal devrait atteindre 5,5 milliards d’euros, dont 1 milliard d’euros pour la restauration.
La demande de produits halal ne se réduit plus aux viandes, malgré la dominance de ce secteur, et tend à s’ouvrir à d’autres types de produits comme les plats cuisinés, les soupes mais reste confiné dans le secteur agro-alimentaire.
Le marché de la viande halal
A la base du business model de la viande halal, les contraintes techniques imposées par les exigences de la certification halal. Le coût de production d’une tonne de viande halal sera nécessairement plus élevé que celui de viande non-halal. Etant donné que l’animal est tué en étant saigné, cela ralentit la production de l’abattoir: 25 bœufs sont ainsi tués en une heure, au lieu de 30. C’est encore plus marqué pour les poulets: deux hommes peuvent sacrifier rituellement de 1.000 à 2.000 poulets à l’heure, contre 6.000 à l’heure dans un abattoir automatique.
La chaîne industrielle de production de viande halal se répartit ainsi les tâches:
- L’industriel de la viande qui a besoin d’obtenir un certificat.
- Le sacrificateur agréé par une des trois mosquées de France possédant cette faculté d’agrément et qui travaille pour l’industriel.
- Le certificateur qui vérifie que la chaine de production et l’égorgement respecte les préceptes islamiques.
- Le client de l’industriel: il peut être un intermédiaire, il peut aussi être un traiteur qui transforme le produit. Dans tous les cas, il a besoin en amont d’un certificat halal, voire même, a besoin sur ses unités de transformation d’un certificateur.
Au coût de production supplémentaire induit par le ralentissement de la production, s’ajoute le coût lié à la certification halal.
A notre connaissance, il n’existe aujourd’hui qu’un seul abattoir halal en France – l’abattoir Laguillaumie situé en Bourgogne - seul abattoir à volailles respectant le code islamique d’abattage rituel, mais la licéité du travail effectué reste sujet à caution selon certains observateurs (www.observatoireduhalal.com).
Au niveau du réseau de distribution, il existe un ensemble de plus de 9000 boucheries musulmanes disséminées sur tout le territoire national. A cela s’ajoutent les grands réseaux de distribution qui offrent à leurs consommateurs musulmans des rayons dédiés à cette niche.
Toutefois, la croissance de l’industrie se heurte à un obstacle majeur. En effet, il est extrêmement difficile de savoir si la viande disponible à la vente est réellement licite. En d’autres termes, le développement du marché se heurte toutefois au manque d’information et de transparence sur les processus de certification des produits halal.
Ainsi, d’après Florence Bergeaud-Blackler, "les certificateurs qui font, et ont les moyens de bien faire leur travail, se comptent sur les doigts d’une main. Les autres sont bien trop attachés aux entreprises productives et sont donc à la fois juges et parties". Bergeaud-Blackler surenchérît en disant qu’"il faudrait une organisation ombrelle, comme dans le bio, qui contrôle les organismes de certification halal. Mais pour se faire, il faut s’entendre sur un cahier des charges, qui fasse consensus chez les religieux, les producteurs et les consommateurs. Il y a encore du chemin pour y parvenir". Ainsi, une telle clarification n’est pas envisagée à moyen-terme, d’après l’étude « Le marché des produits halal à l’horizon 2012 » publiée par Xerfi.
De toute façon, le marché halal est désormais un enjeu économique majeur et à la clef, des milliers d’emplois concernés.
Cependant, ce marché n’est pas seulement un marché domestique. C’est aussi un juteux marché à l’exportation. D’après cette sociologue du CNRS, «le marché a été initié par les exportateurs occidentaux dans les années 1970 pour vendre leurs carcasses dans les pays musulmans. Il s’est ensuite, dans les années 80-90, adapté à la demande intérieure des immigrés et de leurs familles".
Organisation de la structure du business halal
Le halal compte désormais plusieurs milliers d’enseignes sur le territoire français. Aux 9000 boucheries traditionnelles, il faut ajouter des supers exclusivement halal et maintenant une restauration spécialisée à thème. Il peut s’agir d’artisans (
www.paris-hallal.com) ou de chaines de restauration telle Quick. Mais le changement profond vient des grandes chaines de distribution qui se sont ouvertes à ce marché depuis plusieurs années maintenant tel Carrefour, Casino (avec sa marque dédiée Wassila) entre autres.
Le secteur fait preuve de dynamisme grâce à des expériences individuelles originales : ainsi, à Nanterre (Hauts-de-Seine), un Limousin d’origine marocaine vient d’ouvrir une supérette Hal’Shop (
www.halshop.fr), un concept bobo où l’on trouve de la pâte à tartiner ou des plats thaï halal. A Nantes (Loire-Atlantique), un jeune d’origine irakienne a lancé début mars le Baker Market (
www.bakermarket.com) sur le même modèle.
Publicité islamique
Derrière la croissance de cet immense marché se trouve plusieurs dynamiques: d’abord la croissance démographique de la communauté musulmane de France, l’augmentation du sentiment religieux de cette communauté mais aussi le désir d’organisation et de visibilité de cette communauté.
La grande nouveauté depuis 2009 est la visibilité publicitaire du marché, avec le lancement de campagnes publicitaires plus ou moins vastes, un phénomène encore inconnu jusqu’à nos jours. Les campagnes publicitaires s’appuient sur des études d’opinion poussées de la part d’agence de publicité renommées telle celle menée par la société anglaise Ogilvy et disponible sur le site www.wpp.com.
Sources:
Observatoireduhalal.com
Wassila.fr
