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  • 6/10/2010
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Le chef de la forêt (2)

mirza koutchak khan

   Article de Hodã Sadough publié dans la Revue de Téhéran en septembre 2010.

   Le but principal de ce mouvement restait cependant de chasser les forces étrangères du pays, mais il visait également à instaurer un Etat démocratique, rétablir la sécurité, et lutter contre l’injustice et l’asservissement du peuple. Le numéro 28 de Jangal exprime ainsi ses objectifs:

   "Nous sommes avant tout partisans de l’indépendance de l’Iran. L’indépendance au sens vrai du mot, c’est-à-dire sans la moindre intervention des Etats étrangers (…) et de ce point de vue, tous les Etats étrangers, voisins ou éloignés, sont mis sur le même pied d’égalité.

Nous ne sommes ni les amis et ni les ennemis de personne. Nous sommes les amis des amis de l’Iran et les ennemis des ennemis de cette contrée.

   L’acquisition de l’indépendance, la mise en place de réformes fondamentales dans le pays et l’élimination de la corruption des organisations étatiques sont également notre but (…). Nous respectons avant tout le centralisme de l’Etat (…)" [1]

   La devise de ce journal témoigne de l’esprit irano-islamique du mouvement, bien qu’il défendait également des idéaux communistes: "Ce journal est uniquement le gardien des droits des Iraniens et le reflet de la pensée islamique."

Peu à peu les forces du mouvement jangali s’accrurent et le Comité compta rapidement plus de mille membres prêts à se battre. Ainsi, durant plusieurs années, les combattants du mouvement jangali vont lutter contre les forces d’occupation dans les épaisses forêts du Gilãn: d’abord contre les tsaristes puis, après la Révolution d’octobre en Russie en 1917, contre les Britanniques. Pour accélérer l’exécution des opérations et faciliter le passage des guerriers, ils créèrent de nouvelles voies de communication et remirent en état de nombreux chemins abandonnés. Certains des membres étaient aussi envoyés dans les villes et régions plus éloignées pour récolter de l’aide et éveiller les pensées.

   Le 4 juin 1920, les partisans du mouvement jangali publièrent un manifeste dans lequel ils révoquèrent les principes de la monarchie et réclamèrent la création d’un Comité de la révolution rouge en Iran ainsi que la création d’une République Socialiste Soviétique dans le Gilãn, qui fut proclamée peu après en juin 1920.

la tête de mirza koutchak khan

   Le gouvernement et le conseil militaire révolutionnaire sont alors placés sous l’autorité de Mirzã Kouchek Khãn. Cependant, des désaccords apparurent rapidement entre Mirzã Koutchak Khãn et ses conseillers d’une part, et la Russie et le parti communiste iranien d’autre part. A la suite de cela, Mirzã Koutchak Khvn décida de quitter en signe de protestation et pour éviter la confrontation militaire, ce qui ouvrit la voie à un coup d’Etat organisé par le parti communiste Edãlat au cours duquel la majorité des Jangalis fut arrêtée ou tuée. Après la chute de l’éphémère République socialiste, des éléments extrémistes laïques s’emparèrent du contrôle du gouvernement et mirent en place une politique d’expropriation des terres et de réquisition des denrées alimentaires, des moyens de transports et des outils de travail. Ces démarches radicales divisèrent les partisans de la république et suscitèrent l’insatisfaction des commerçants et propriétaires.

   En novembre 1921, Ridhã Khãn décida de lancer une vaste offensive contre les révolutionnaires et parvint à reconquérir la ville de Rasht. La révolution de Gilãn fut alors liquidée. Mirzã Koutchak Khãn se réfugia dans les montagnes du nord où il mourut de faim et de froid. Son cadavre fut décapité et sa tête envoyée par le gouvernement de la région en cadeau à Ridhã Khãn.

Le mausolée de Mirzã Koutchak Khãn se trouve actuellement à Soleymãn-e Dãrãb, ville située à cinq kilomètres de Rasht. Il est devenu un lieu de pèlerinage qui attire chaque année des centaines de visiteurs qui viennent rendre hommage à celui qui pour beaucoup est devenu un héro national.

Note:

[1] Série de journaux de Jangal, Téhéran, Ed. Mowlawi, 1979.

Source: Teheran.ir

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