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  • 27/11/2010
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"Il est rare qu’une personne handicapée occupe un poste à responsabilités"

une personne handicapée

Fabienne Jégu, responsable de la santé et du handicap à la Halde, fait le point sur la discrimination des personnes handicapées.

Lundi s’est ouvert la 14ème semaine pour l’emploi des personnes handicapées. Quelle est la situation actuelle?

   Le handicap est le second motif de discrimination juste derrière l’origine. Cela constitue environ 20% des réclamations que nous recevons chaque année et près de la moitié de ces plaintes concerne le domaine professionnel. Les problèmes d’aménagement de postes en cas d’apparition ou d’aggravation du handicap sont les plus courants. Pourtant, les employeurs sont tenus par la loi de le faire, sous réserve que cela ne mette pas en péril l’entreprise. La discrimination à l’embauche touche plus particulièrement la fonction publique. En effet, pour obtenir un poste de fonctionnaire, il faut obligatoirement un certificat d’aptitude délivré par un médecin du travail. Or, ceux-ci refusent parfois de leur donner -non pas parce que la personne n’est pas capable de travailler- mais par peur que dans les années à venir leur handicap ne s’aggrave et qu’elle soit arrêtée. C’est un refus par anticipation. 

Depuis 2005, les entreprises de plus de 20 salariés sont obligées d’embaucher au moins 6% de salariés handicapés. Avez-vous le sentiment que cette loi a fait avancé la situation?

   Cette législation existe depuis 1987 mais a été renforcée en 2005. On est encore loin des 6% imposés par la loi [ndlr: la moyenne se situe autour de 2,9%]. Cependant, les mentalités commencent à évoluer. Les employeurs prennent conscience que les choses doivent changer: des formations sont progressivement mises en place pour sensibiliser les managers et les DRH, les entreprises se dotent de missions handicap... On commence progressivement à considérer la personne handicapée comme un salarié ordinaire. A la Halde, nous sommes souvent amenés à rencontrer des chefs d’entreprise pour régler à l’amiable certains conflits. Dans la plupart des cas, les employeurs sont réceptifs à nos arguments et sont sensibles à la lutte contre ce type de discrimination. Mais ces progrès dépendent vraiment du type de handicap. Certains handicaps lourds et surtout les troubles psychiques tels que les névroses, la bipolarité, la schizophrénie ou même les dépressions longues sont toujours stigmatisés. Les personnes souffrant de ce type de maladie ont beaucoup de mal à trouver un emploi ou sont contraints, lorsqu’elles le peuvent, à cacher leur handicap.  

Malgré tout, l’emploi des personnes handicapées reste deux fois supérieur à celui des valides. Comment remédier à ce problème?

   Il est nécessaire d’appliquer le principe de non-discrimination au moment de l’embauche et sortir d’une logique comptable. Cela signifie concrètement qu’il ne faut pas réserver quelques postes pour les personnes handicapées mais plutôt ouvrir tous les emplois à tout le monde et départager les candidats en fonction de leurs compétences. Aujourd’hui, beaucoup de personnes handicapées ont du mal à trouver un emploi à la hauteur de leurs qualifications. Il est très rare de voir une personne handicapée occuper un poste à responsabilités. Mais les intégrer dans l’entreprise ne se traduit pas seulement par augmenter le nombre d’embauche. Il faut également donner la possibilité à ces salariés de progresser au sein de la société. Or, les entreprises qui embauchent des personnes handicapées simplement pour ne pas avoir à payer les amendes prévues par la loi placardisent souvent ces salariés: ils sont moins bien payés, n’ont pas de promotions, font un travail rébarbatif...

Source: Lexpress.fr

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