• Nombre de visites :
  • 1390
  • 13/12/2010
  • Date :

L’art en Iran à l’époque seldjoukide (1)

la grande mosquée d’isfahan

   L’art à l’époque des Seldjoukides est lié à un contexte géographique très large, celui du monde musulman, allant de l’Anatolie jusqu’en Egypte, en passant par l’Iran où cette famille de Turcs installe son centre de pouvoir et prend l’attribut de Grands Seldjoukides. L’empire de ces derniers eut une importance majeure du fait qu’il confirma la place dominante de l’Iran dans le domaine artistique; c’était presque la même position que possédait l’Italie, à la même époque, dans le contexte de l’art européen.

   Entre 1000 et 1220, l’Iran des Seldjoukides constitue un canon artistique dans le monde musulman oriental: un immense mouvement culturel est mis en marche par d’éminents ministres tels que Nezãm-ol-Molk, d’où une floraison de chefs-d’œuvre dans les diverses branches de l’art et de la science.

Cette période marque aussi des points de repère en toutes sortes de domaines, des objets en métal à la poterie, de l’enluminure à l’architecture.

   C’est particulièrement dans ce dernier domaine qu’on est témoin de l’apogée de l’art iranien [1]. L’époque seldjoukide en Iran correspond à la mise au point du plan de la mosquée à quatre iwans [2], dont le décor est obtenu par un savant agencement de briques. Ce second type de mosquée, à plan cruciforme, trouve son exemple le plus illustre dans la Grande mosquée d’Isfahãn [3].

On peut citer également les mosquées de Zawãreh et d’Ardestãn, comme d’autres exemples éminents des mosquées seldjoukides.

   L’élément caractéristique de cette mosquée seldjoukide est son minaret, élevé, cylindrique, sur base polygonale et orné de bandeaux d’inscriptions et de dessins géométriques en briques. Plusieurs de ces mosquées existent dans la région de Semnãn, en particulier à Dãmghãn.

La salle en coupole au-dessus du mihrãb ainsi que la tour funéraire sont d’autres constructions perfectionnées par les artistes de cette période.

   La tour funéraire qui se trouve à Gonbad Kãvus marque l’apogée de l’art seldjoukide dans la construction des mausolées. Leur décoration en brique et les carreaux émaillés attirent tout regard. Ces tours ont été élevées dans tout le nord de l’Iran, en tant que mémoriaux pour les personnalités de haut rang telles que les amirs.

   A tout cela, ajoutons les madrasas [4], écoles de droit canonique, qui furent construites sur l’ensemble de territoires seldjoukides, formant une sorte de réseau. De cette époque les caravansérails sont également connus, certains portaient des décorations luxueuses, compte tenu de leur fonction d’halte royale. Ainsi, trouvons-nous de splendides demeures sur la route principale de Marv à Neyshãbour.

Notes:

[1] On ne peut évidemment faire une division nette entre le style qui peut être qualifié de seldjoukide et celui qui le précède; les artistes de cette période contribuent en effet à achever, voire mener à leur perfection, les formes classiques de l’architecture persane. Il y a quand même une rupture distincte après 1220, suite à l’invasion mongole et du fait qu’il y eut un vide après cette date.

[2] Un iwan est une sale voûtée quadrangulaire, ouverte par un arc brisé sur la façade.

[3] Sur l’origine de la construction de cette mosquée, il existe de nombreuses hypothèses qui ne sont pas parfaitement étayées. Entre autre, une hypothèse considère le début de son édification au Xe siècle; elle a cependant été restaurée et remaniée plusieurs fois au cours du temps. L’apport seldjoukide est de toute façon considérable, surtout dans la conception du plan iranien à quatre iwans.

[4] La première madrasa fut, semble-t-il, celle fondée à Bagdad, en 1065, par Nezãm-ol-molk (d’où son nom de Nezãmiyeh), dont l’objectif était de lutter contre le chiisme et de constituer une orthodoxie sunnite reposant sur l’école juridique chafiite et la théologie acharite (Sabrina Mervin, Histoire de l’Islam, fondements et doctrines, Ed. Flammarion, 2001).

Source: Teheran.ir

  • Imprimer

    Envoyer à un ami

    Commenter (0)