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Le rôle de conteur populaire en Iran avant l’Islam

conteur

   L’activité de conteur a connu une longue histoire en Iran. De nombreuses sources littéraires et historiques se réfèrent aux conteurs de cour et aux conteurs populaires des premiers temps jusqu’à aujourd’hui. Bien avant l’arrivée de l’Islam, on racontait les histoires sur les rois et les héros légendaires du passé. Beaucoup des histoires ont continué à être transmises pendant la période islamique. On peut ainsi trouver la trace de certains matériaux issus des légendes antiques dans les travaux d’historiens et de voyageurs du Moyen Age jusqu’à l’époque contemporaine.

Il existait une tradition active de ménestrel dans l’Iran de l’époque préislamique. La profession de chanteur des contes et légendes populaires remonte à une période très ancienne puisque l’on en trouve déjà sous la dynastie des Mèdes.

   Cette profession s’est plus tard élevée dans la hiérarchie sociale, notamment sous l’empire Parthe, où le chanteur-conteur était nommé gos?n, remplaçant le khony?garde l’empire Mède et de la dynastie Achéménide.

   En utilisant le matériau des premiers poètes de cette période, Mary Boyce a daté approximativement au début de l’empire Parthe les origines possibles de l’art du ménestrel dans l’Iran préislamique. [1]

   Elle montre que le gos?n jouait un rôle considérable dans la vie des Parthes et de leurs voisins. Du fait de ce statut privilégié, les gos?n se sont progressivement mis à composer des chants dont la portée dépassait le simple cadre du récit de légendes ou de mythes, et se sont attaqués à des thèmes sociaux ou politiques: "Bouffon du roi et des roturiers, privilégié à la cour et populaire chez le peuple; sa présence était sollicitée aux funérailles et aux banquets, c’était un personnage panégyriste, satiriste, à la fois conteur, musicien, archiviste des exploits passés et commentateur de sa propre époque." [2] Selon l’auteur, il s’agissait d’un ménestrel, poète-musicien qui pouvait être rattaché à la cour et peut-être aussi un poète du peuple. Les histoires les plus populaires, telles que la romance entre Zarbiadres et Odatis [3], étaient diffusées à travers le pays grâce à ces ménestrels. [4]

Ces gens ont transmis la poésie traditionnelle à travers les époques jusqu’aux conquêtes islamiques en 651.

   Mary Boyce évoque également l’étendue du rôle du conteur en citant l’exemple d’un musicien qui, par l’intermédiaire d’un conte métaphorique, critique un personnage célèbre de l’époque. De cette manière, le conteur peut agir indirectement sur le cours des événements en décrivant la réalité de façon déguisée, s’adressant aux spectateurs capables de décrypter le symbolisme contenu dans la chanson et les enjoignant à agir en conséquence. Une autre anecdote raconte également que, sous l’empire Parthe, un gos?n avait composé pour le roi un chant dans lequel était décrit l’adultère de la reine avec le frère de ce roi. Loin d’être considéré comme un diffamateur, le conteur fut pris très au sérieux et ce fut l’amant qui subit la colère du roi. Mary Boyce souligne également que la forme modifiée après la conquête islamique a certainement apporté des changements de goûts culturels. [5] Néanmoins on a pu voir des conteurs en Iran durant toute la période islamique jusqu’à nos jours.

Notes:

 [1] Boyce, Mary, «The Parthian gos?n and the Iranian ministrel tradition», in Journal of the Royal Asiatic Society, 1957, PP. 10-45.

[2] "Entertainer of king and commoner, privileged at court and popular with the people; present at the graveside and at the feast, eulogist, satirist, story-teller. Musician; recorder of past achievements and commentator of his own times.", Ibid., PP. 17-18.

[3] Poème sur une histoire d‘amour romanesque dans la mythologie iranienne.

[4] Massé, Henri, Les Epopées persanes: Firdousi et l’épopée nationale, Paris, éd. Librairie Académique Perrin, 1935, p. 23.

[5] Boyce Mary, op. cit., P. 38.

Source: Teheran.ir

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