La différence entre le prêt et la vente réside en ceci que, dans le second cas, c’est-à-dire la vente, une personne devient propriétaire d’un bien en contrepartie du paiement d’un prix donné, alors que dans le premier cas, c’est-à-dire le prêt, le bien devient la propriété de quelqu’un contre son engagement de rendre son pareil, s’il s’agit d’un bien remplaçable, ou son prix, s’il s’agit d’un bien non remplaçable.
La deuxième différence entre le prêt et la vente est que la vente usuraire est par essence illicite (aussi bien la vente elle-même que l’intérêt qu’elle comporte), alors que dans le prêt usuraire, ce sont les intérêts seuls qui sont illicites, alors que le prêt en lui-même est valide.
La troisième différence entre la vente et le prêt est que si dans celui-ci le paiement d’un excédent est une condition préalable, cet excédent devient une usure illicite, alors que dans la vente, le surplus n’est absolument interdit que lorsque les deux articles échangés sont à la fois du même genre (du riz contre du riz) et de nature mesurable ou pesable (dont le prix dépend du poids ou de la taille), mais s’ils sont de genre différent (du riz contre de l’orge) ou si leur la valeur n’est pas déterminée par le poids ou la mesure, l’excédent demandé ne constitue pas une usure, tant que la transaction est au comptant. Toutefois si elle est à terme (vendre 100 œufs contre 20 kg de riz contre, respectivement, 110 œufs ou 40 kg de blé rendus après un mois), sa légalité (le fait de la considérer comme n’étant pas de l’usure) est sujette à contestation; il fait donc l’éviter par mesure de précaution obligatoire.