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  • 12/7/2011
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La nuit

nuit

Quand la lune blanche

S’accroche à la branche

Pour voir

Si quelque feu rouge

Dans l’horizon bouge

Le soir,

Fol alors qui livre

A la nuit son livre

Savant,

Son pied aux collines,

Et ses mandolines

Au vent;

Fol qui dit un conte,

Car minuit qui compte

Le temps,

Passe avec le prince

Des sabbats qui grincent

Des dents.

L’amant qui compare

Quelque beauté rare

Au jour,

Tire une ballade

De son cœur malade

D’amour.

Mais voici dans l’ombre

Qu’une ronde sombre

Se fait,

L’enfer autour danse,

Tous dans un silence

Parfait.

Tout pendu de Grève,

Tout Juif mort soulève

Son front,

Tous noyés des havres

Pressent leurs cadavres

En rond.

Et les âmes feues

Joignent leurs mains bleues

Sans os;

Lui tranquille chante

D’une voix touchante

Ses maux.

Mais lorsque sa harpe,

Où flotte une écharpe,

Se tait,

Il veut fuir...

L’entoure en silence

Parfait.

Le cercle l’embrasse,

Son pied s’entrelace

Aux morts,

Sa tête se brise

Sur la terre grise!

Alors

La ronde contente,

En ris éclatante,

Le prend;

Tout mort sans rancune

Trouve au clair de lune

Son rang.

Car la lune blanche

S’accroche à la branche

Pour voir

Si quelque feu rouge

Dans l’horizon bouge

Le soir.

Alfred de Musset (1810-1857)

Source: Poesie.webnet.fr

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