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  • 1/8/2011
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Nezãmi (v. 1141-1209?) (2)  

nezami

 Khosrow et Shirin est une histoire d’amour romancée. Elle raconte les amours semées d’embûches du roi sãssãnide Khosrow II Parviz («Victorieux») et de la reine chrétienne et arménienne Shirin (la «Douce»). Khosrow, fils du roi Hormizd, entend parler de Shirin, une princesse d’Arménie: il tombe amoureux d’elle par la seule description de sa beauté. Grâce à un entremetteur, il lui fait apporter son portrait: en voyant l’image de Khosrow, la princesse tombe elle aussi amoureuse et décide de partir pour le palais de Ctésiphon. Menacé par des intrigues politiques, Khosrow doit quitter Ctésiphon et part pour l’Arménie. Par un jeu du destin, il aperçoit en route Shirin en train de se baigner dans une rivière, une scène souvent représentée dans les miniatures: les deux amoureux ne se reconnaissent pourtant pas, si bien que Khosrow reprend sa route pour le royaume d’Arménie, où il pleure Shirin, alors que Shirin se rend à Ctésiphon, où elle est accueillie dans le harem et se désole de l’absence de Khosrow. Devenu roi, Khosrow peut enfin parler avec son aimée au cours d’une chasse, mais la belle refuse ses avances. Par dépit, le roi prend pour épouse la fille de l’empereur byzantin, Maryam.

Un sculpteur Farhãd tombe alors amoureux de Shirin. Pour prouver son amour, et à la suite d’un contrat avec Khosrow (le roi renonce à Shirin si le sculpteur termine un ouvrage herculéen), Farhãd construit une route dans les montagnes de Bisutun. Jaloux de Farhãd près de réussir, Khosrow lui fait dire que Shirin est morte: ivre de douleur, le sculpteur se jette du haut d’une montagne. Après la mort de Maryam, Khosrow et Shirin se réconcilient à l’écoute d’une musique, interprétée par Nakisa et Barbad, deux fameux musiciens de cour. La tragédie suit leur mariage: Khosrow est assassiné la nuit, et Shirin se poignarde le jour des funérailles.

   Leili et Majnun raconte un amour fou et impossible. Ce roman a été comparé à Roméo et Juliette de Shakespeare et au Tristan et Yseult médiéval. L’origine de l’histoire est arabe et se déroule chez les Bédouins. Le poète Qays et Leila s’aiment, mais leurs familles appartiennent à des clans rivaux et interdisent leur union. Qays devient fou, et on l’appelle dès lors «majnun» (en arabe: fou). Il part vivre dans le désert parmi les animaux sauvages et meurt d’amour après avoir chanté dans la solitude son désespoir. La fin terrestre est tragique, mais la fin posthume est heureuse. Nezâmi raconte qu’un bédouin vit en songe Majnun et Leila trônant au milieu d’un paradis aux couleurs de lumière, réunis pour l’éternité en un seul être. Pour les soufis, Leila est une figure du Divin, une image de la Transcendance, à laquelle l’âme amoureuse - Madjnun - cherche à s’unir.

Le livre d’Alexandre est le plus long des romans de Nezãmi (environ 10’500 distiques"). Une première partie raconte les exploits du conquérant, héros qui dépasse l’humanité, roi idéal qui instaure la paix et propage la culture, mais échoue pourtant à trouver l’Eau de Vie qui rend immortel. Une seconde partie évoque notamment les pouvoirs de l’alchimie, de la magie, de l’astrologie et de la musique.

   Elle raconte un Alexandre (Iskandar) devenu sage et philosophe, investi d’une charge prophétique, et qui découvre une cité parfaite, habitée par une population sans religion ni prophète, mais profondément spirituelle. Dans une trame plus légendaire qu’historique, Nezãmi fait revivre un savoir philosophique, cosmologique, mythique et moral hérité de la Grèce, transformé par l’histoire iranienne, puis redonné dans un monde de symboles à la fois soufis et universels. Les sept Portraits adoptent une structure inspirée des Mille et une Nuits. Son personnage central est le roi sassanide Bahrãm V Gur. Il possède sept épouses, filles de sept rois du monde, venant de sept climats ou pays, et logées dans sept pavillons de couleurs différentes. Ce symbolisme septénaire est astrologique: les couleurs des pavillons correspondent aux planètes, qui symbolisent, sur l’échelle de l’âme, des degrés d’initiation. Chaque jour de la semaine, une épouse raconte une histoire au roi: récits d’aventures, d’épreuves, d’amour et de mort, qui sont autant de variations d’un perfectionnement spirituel.

Source: RINGGENBERG. Patrick, Guide culturel de l’Iran, éd. Rowzaneh, Téhéran, 2005, PP.195-196

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