Le livre du Gulistãn a été achevé et, grâce à Dieu, dans tout son cours, il n'a pas été orné de pièces de vers empruntées à des poètes anciens, ainsi que c'est la coutume des auteurs.
»Recoudre son vieux froc
Vaut mieux que revêtir un vêtement d'emprunt.»
La majeure partie des discours de Saadi excite la joie, suscite l'agrément. Pour ce motif, la langue du blâme s'allongera chez les gens à courtes vues, et ils diront: «Perdre la moelle de son cerveau et consumer inutilement la mèche de sa lampe ne sont pas le fait des sages.» Mais il n'échappera pas à l'intelligence clairvoyante des gens sensés, à qui s'adresse maintenant le discours, que la perle des conseils salutaires a été passée dans le fil du bien-dire, et le remède amer de la morale mélangé avec le nectar de ce qui fait sourire, afin que l'esprit de celui à qui je parlais ne fût pas ennuyé, et que le livre ne restât pas privé du bonheur de lui plaire.
»Nous avons présenté des conseils en leur lieu 
Nous avons consacré quelque temps à l'ouvrage 
S'ils ne plaisent à l'oreille, les messagers 
Ils n'avaient pour mission que de porter message.
Ô toi qui lis cet ouvrage, prie Dieu
d'avoir pitié pour son auteur. Implore aussi pour le copiste
demande pour toi-même le bien que tu voudras
et, pour le possesseur du livre, protège-le.»