Un des religieux de la montagne du Liban, dont les degrés d'avancement dans la vie contemplative et les actions miraculeuses étaient connus et célèbres dans tout le pays des Arabes, entra dans la mosquée principale de Damas. Il faisait ses ablutions sur le bord du bassin de la Callãceh; tout à coup son pied fit un faux pas, et il tomba dans le bassin. Il se tira de cet endroit avec beaucoup de peine et commença sa prière. Lorsqu'il l'eut achevée, un de ses disciples lui dit: «Il m'est survenu une difficulté.
— Quelle est-elle? demanda le cheikh.
— Je me souviens que tu marchais sur la surface de la mer Occidentale et que ton pied n'était pas humide, tandis qu'aujourd'hui peu s'en fallut que tu ne périsses dans cette eau, dont la profondeur ne dépasse pas une brasse. Comment expliques-tu cela?»
Le cheikh pencha la tête dans le collet de la réflexion et, après une longue méditation, il releva le menton et répondit: «N'as-tu pas appris que le maître du monde, Mohammed l'Elu, a dit: "Il y a pour moi, avec Dieu, des moments dans lesquels ni ange favori ni Prophète ne peuvent avoir accès à moi. "Et il n'a pas dit: "Il y a continuellement..."
»Dans les moments tels que ceux dont II a parlé. Il ne s'occupait ni de Gabriel ni de Michel, et dans d'autres II s'accommodait d'Hafsah et de Zaynab. Car la vue de Dieu, dont jouissent les justes, est mêlée de manifestation et de disparition: Il paraît et II disparaît.
»Tu Te laisses voir, puis Tu Te dérobes à la vue 
Tu achalandés Ton marché et Tu attises notre feu!
»Seul, je contemple Celui que j'aime, mais une chose qui survient 
m'égare tout à coup. Il allume un feu. Il l'éteint et, dans le même temps, je brûle et je me noie!»