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Sani’-ol-Molk

sani’-ol-molk

   Né vers 1814 à Kãshãn, Abdolhassan Ghaffãri est envoyé à Téhéran par son père pour étudier la peinture chez un maître célèbre, ’Ali Ispahãni, connu sous le surnom le chef des peintres, à la Cour de Fath ’Ali Shãh. Héritier des dons de son père, Mirzã Abdolhassan réalise de grands progrès sous la direction de son maître et devient bientôt l’un des artistes les plus célèbres de son temps.

En 1842, pendant le règne de Mohammad Shãh Qãjãr, le jeune artiste est invité à dresser un portrait du monarque, ce qui en fait un peintre de cour. Bientôt, Sani’-ol-Molk obtient à son tour le titre de Naghghãsh-bãshi. Le portrait de Mohammad Shãh, réalisé en 1842, est considéré comme l’une de ses premières œuvres modernes iraniennes qui ait survécu au temps.

   A la fin du règne de Mohammad Shãh, le peintre se rend en Italie pour étudier les œuvres des grands maîtres européens, en particulier ceux de la Renaissance. Il passe une grande partie de son temps à visiter les musées et les académies de Rome, du Vatican, de Florence et de Venise, et à élaborer des copies des chefs-d’œuvre des maîtres italiens.

Après son retour en Iran, Sani’-ol-Molk s’engage dans l’illustration des contes des Mille et Une Nuits, travail colossal sur lequel plus de 42 miniaturistes travaillent pendant sept ans. Cette édition contient 3600 vignettes.

   Ces miniatures sont très intéressantes, non seulement d’un point de vue artistique, mais aussi pour l’étude du folklore et de la société iranienne du XIXe siècle. Ces œuvres reflètent le regard du peuple iranien durant cette période. Dessinant lui-même 19 illustrations pour la collection, Sani’-ol-Molk veut alors dépeindre la vie iranienne sous la forme authentique de son temps. Les miniatures de cette période peuvent ainsi être considérées comme des documents originaux qui représentent les traditions iraniennes de la moitié du XIXe siècle.

    Par exemple, dans l’une de ces vignettes, Nãssereddin Shãh est représenté en tant que calife de Bagdad, et Amir Kabir est dépeint dans les dernières années de sa vie, comme le célèbre ministre du calife, Ja’far Barmaki. Les rues et les marchés de Bagdad sont en vérité celles de Téhéran, peintes avec une composition colorée et complexe invitant à imaginer les caractéristiques culturelles et ethnographiques de la vie de la société iranienne de l’époque. Le style des bâtiments, le design intérieur et la décoration des chambres et les fenêtres, tous sont peints dans le style français contemporain à cette époque. C’est le cas également pout les patios, les galeries en briques unies, les beaux jardins. Dans une miniature qui représente le bain public, l’on peut voir comment parmi les gens, certains clients se rasent la tête, d’autres se lavent à l’aide des gants spéciaux appelés des kissehs, d’autres enfin se teignent la barbe au henné, ou se font masser.

D’autres miniatures de Sani’-ol-Molk représentent les musiciens traditionnels et les instruments de musique iraniens du XIXe siècle, comme le kamãntcheh, le tãr, le daf et le zarb (tombak), ou encore des danseurs, garçons et filles qui dansent avec la musique. Ses dernières œuvres montrent les gens assis sur des tapis ou des nattes, ou appuyés sur des coussins. On y voit aussi les maisons des princes et les hommes riches qui vivent à l’européenne.

   Sani’-ol-Molk est mort à l’âge de 52 ans d’une maladie inconnue, léguant un grand nombre de tableaux et de miniatures.

Sources:

Bignon, Lawrence, Histoire de la peinture en Iran, traduit par Mohammad Irãnmanesh, Téhéran, Amir Kabir, 2008.

Etinghawsen, Richard et Grabar, Oleg, L’art iranien, traduit par Ya’ghoub Ajand, Revue Keyhãn Farhangi, n° 137.

Hugh, John, L’art de peinture sous les Qãjãrs, traduit par Parviz Varjãvand, Presse de l’Université de Téhéran, 1969.

Moussavizâdeh, Shãhab, Pour une académie en peinture, article publié dans la revue Nãfeh.

Site internet consacré à la culture chiite, notamment sous les Qãjãrs http://farhang.al-shia.ru/kajar.html

Moussavizãdeh, Shahãb, La réaction contre Kamãl-ol-Molk, entretien avec la revue iranienne des arts plastiques Tandis.

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