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  • 24/7/2016
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Fusillade à Munich : la piste d’un « forcené » sans  motivation politique

fusillade à munich

Neuf personnes ont été tuées et vingt-sept blessées lors d’une fusillade dans un centre commercial de Munich (Allemagne), vendredi 22 juillet en fin d’après-midi. 

 

Que s’est-il passé ? 

 

La fusillade a éclaté à 17 h 52, devant un restaurant McDonald’s. Une vidéo amateur, postée sur les réseaux sociaux, montre des personnes en train de fuir le restaurant et un homme vêtu de noir tirant à plusieurs reprises sur eux au pistolet. Les tirs se sont poursuivis dans le centre commercial voisin. Le tueur a ensuite pris la fuite, avant d’être retrouvé mort vers 20 h 30, à environ un kilomètre du centre commercial. La police a constaté qu’il s’était suicidé d’une seule blessure par arme à la tête, et retrouvé dans son sac à dos environ 300 munitions, suggérant qu’il avait à l’origine l’intention de tuer un nombre encore beaucoup plus important de personnes. 

 

Selon le ministre allemande de l’intérieur Thomas de Maizière, le tireur avait vraisemblablement attiré ses victimes en piratant un compte Facebook pour les inviter à se rendre à 16 heures dans un restaurant McDonald’s et y bénéficier de réductions 

 

Que sait-on du suspect ? 

 

L’auteur de la fusillade a été identifié comme David Ali Sonboli, un Germano-Iranien de 18 ans né à Munich de parents venus en Allemagne à la fin des années 1990 comme demandeurs d’asile. 

 

Les perquisitions réalisées samedi matin, au domicile de ses parents, dans un immeuble de la Dachauer Strasse où il vivait, n’ont « montré aucun lien avec l’organisation Etat islamique », selon le chef de la police locale, Hubertus Andrä. Si sa famille est chiite, il semble qu’il se soit converti à la religion chrétienne, d’où son prénom David, selon Thomas de Maizière. Il n’était pas surveillé par les services de renseignement. 

 

D’après les enquêteurs, le jeune homme, qui était encore écolier, suivait un « traitement médical et psychiatrique » pour dépression. M. de Maizière a évoqué un possible « harcèlement » par d’autres « jeunes de son âge » dans le passé, et le « rôle » joué dans son passage à l’acte par les jeux vidéo violents qu’il affectionnait. Les enquêteurs penchent à présent pour la piste d’un « forcené » sans « motivation politique ». « Nous avons trouvé des éléments montrant qu’il se préoccupait des questions liées aux forcenés », auteurs de tueries, notamment des livres et des articles de journaux, a détaillé M. Andrä. 

 

Le directeur de la chancellerie, Peter Altmaier, proche collaborateur d’Angela Merkel, a rappelé que le 22 juillet était la date anniversaire de la tuerie du terroriste d’extrême droite Anders Breivik, en Norvège, qui avait fait 77 morts. « Le lien est évident », a confirmé M. Andrä samedi lors de la conférence de presse. Des documents sur ce massacre ont été retrouvés dans sa chambre, ainsi que sur une autre tragédie survenue en 2009 en Allemagne, lorsqu’un adolescent de 17 ans, pris de folie, avait tué 15 personnes. 

 

Toujours selon le chef de la police locale, le suspect a crié quelque chose au moment de passer à l’acte. Mais l’enquête n’a pas encore permis de déterminer le contenu de ces cris. Le tireur portait sur lui un Glock de 9 mm, c’est-à-dire un pistolet semi-automatique léger qu’il avait « acquis illégalement » et dont le chargeur n’était pas encore vide.  

 

Que sait-on des victimes ? 

 

Lors d’une conférence de presse, le chef de la police locale a apporté des précisions sur les victimes de la fusillade. Neuf personnes ont été tuées et vingt-sept ont été blessées, dix-sept légèrement et quatre par balle. 

 

Parmi les victimes tuées figurent de nombreux mineurs : deux âgés de 14 ans, deux âgés de 15 ans et un âgé de 17 ans, ainsi qu’un homme de 45 ans et trois femmes dont l’âge n’a pas été précisé. 

 

Sept ressortissants étrangers – trois Kosovars, trois Turcs et un Grec – font partie des neuf personnes tuées, ont annoncé samedi les autorités des pays concernés. Le ministre turc des affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a cité les noms de trois Turcs figurant parmi les victimes – Sevda Dag, Can Leyla et de Selçuk Kiliç – lors d’un entretien avec la chaîne d’information turque NTV. Il a ajouté qu’il avait appelé les familles. 

 

De son côté, Pristina a annoncé que trois autres personnes tuées étaient des Albanais du Kosovo. Selon les médias locaux, il s’agit d’un homme, Diamant Zabergja, 21 ans, et de deux femmes, Armela Segashi, une adolescente de 14 ans, et Sabina Sula, dont l’âge n’a pas été précisé. Un Grec figure également parmi les neuf victimes, selon le ministère grec des affaires étrangères. 

 

Angela Merkel réagit 

 

Depuis la chancellerie à Berlin, la chancelière allemande a évoqué « une nuit d’horreur » au lendemain de la fusillade de Munich. « Les gens à Munich ont derrière eux une nuit d’horreur », a-t-elle dit samedi à l’occasion de sa première réaction après la fusillade dans un centre commercial, « une telle soirée est pour nous tous difficile à supporter ». 

 

« Nous tous, et je le dis au nom de l’ensemble du gouvernement, pleurons avec le cœur lourd ceux qui plus jamais ne rentreront dans leurs familles. »

 

La dirigeante conservatrice a rendu hommage aux Munichois, notamment à ceux qui ont ouvert leurs portes aux personnes errantes dans la ville après que Munich s’est retrouvé en quasi-état de siège. Ils ont montré que « nous vivons dans une société libre et qui fait preuve d’humanité », a-t-elle souligné. C’est dans ces valeurs que réside « notre grande force », selon elle. 

 

A Munich, la panique et la confusion 

 

La ville de Munich a connu une soirée de peur et de confusion. L’agglomération bavaroise avait été placée en état d’alerte en début de soirée, mobilisant notamment l’unité d’élite de la police spécialisée dans les affaires de terrorisme (GSG9) et la police fédérale. La police a affirmé réagir « comme si c’était une attaque terroriste », permettant de déployer une mobilisation maximale.  

 

Les habitants de Munich ont lancé une opération sur Twitter pour permettre aux personnes dans la rue de se réfugier chez eux ; les mosquées de Munich ont également ouvert leurs portes.

 

Les transports en commun (métro, bus et tramway), coupés dans la soirée, ont repris samedi dans la nuit. Seules les stations à proximité du vaste secteur autour du centre commercial Olympia restent fermées, rapportait la police locale samedi matin. 

 

Soutiens d’Obama et de Hollande 

 

Les réactions politiques en Allemagne sont restées très limitées. Contrairement à Barack Obama, à François Hollande ou à d’autres responsables politiques, qui se sont exprimés très vite dans la nuit, la chancelière, Angela Merkel, en vacances, n’est intervenue que samedi, évoquant une « nuit d’horreur ». 

 

Le président allemand, Joachim Gauck, s’est dit « horrifié » par cette « attaque meurtrière », tandis que Thomas de Maizière, le ministre de l’intérieur, qui venait de partir pour les Etats-Unis, a décidé d’interrompre ses vacances et de regagner l’Allemagne. 

 

Seul le directeur de la chancellerie, Peter Altmaier, a donné une interview à la télévision publique dans la nuit. Le maire de Munich, lui, a annoncé sur Facebook une journée de deuil dans la ville et l’annulation des festivités prévues.  Le président américain, Barack Obama, a promis aux Allemands « tout le soutien dont ils auront besoin », et le président François Hollande a adressé un « message personnel de soutien » : 

 

« L’attaque terroriste qui a frappé Munich, faisant de nombreuses victimes, est un nouvel acte ignoble qui vise à saisir d’effroi l’Allemagne après d’autres pays européens. Elle fera face. Elle peut compter sur l’amitié et la coopération de la France. »

 

A Paris, la maire Anne Hildago a annoncé que la Tour Eiffel serait illuminée samedi soir aux couleurs de l’Allemagne en hommage aux victimes. 

 

Le ministère iranien des Affaires étrangères a condamné l’attaque menée par le suspect Allemand, qui avait la double nationalité iranienne. L’Iran « exprime sa solidarité avec le peuple et le gouvernement allemand », a déclaré Bahram Ghassemi, porte-parole de la diplomatie iranienne, cité par les agences de presse Irna et Isna. M. Ghassemi a affirmé qu’« il n’y a d’autres choix que la lutte totale et sans distinction » contre le terrorisme.

 

source: http://www.lemonde.fr

 

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