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  • 3/12/2007
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Mowlãnã, poète-philosophe sans frontières (1)

 

une communication prononcée au viième symposium international de langues, littérature et stylistique dans l’année 2007 de roûmi (02-05 mai 2007) tenu à l’université selcuk konyã turquie.

Par Dr Mohammad ZIAR1

   Les Afghans, les Iraniens et les Turcs sont les nations qui cherchent des arguments pour dire que Rûmi n’appartient qu’à eux.

  Les Afghãns parce que la ville natale de Mevana se trouve en Afghanistan actuel ; les Iraniens parce que Balkh jusqu’au XIXe siècle faisait partie de l’Empire perse; et les Turcs parce qu’il a passé la majeure partie de son existence à Konya capitale du pays sous les Seldjoukides.

   En effet, né à Balkh, une des quatre mégalopoles du Grand Khorasan2,  en septembre 1207 d’un père qui s’appelait Bahaoddin Valad, originaire de cette même ville, et d’une mère qui se nommait Moméneh Khatoun elle, originaire de Sérakhs (dans le nord du Khorasan iranien), élevé et formé à Vakhsh, Samarkand, Nichapur, Damas, Alèp, Bagdad et émigré finalement en Turquie, à Konya fuyant les massacres du conquerrant mongol Gengis Khan 3, Djalaladdin Muhammad connu sous le nom de Mewlana ou Mewlavi, voulant dire maître spirituel, a géographiquement parlant, parcouru le monde musulman de l’Est à l’Ouest et spirituellement il a fait de même. Ce grand voyage d’un bout du monde musulman à l’autre a fait de lui un cosmopolite au sens plein du terme.

Mais Rûmi a-t-il jamais eu la velléité de se limiter dans les frontières d’un pays quelconque ? Lui qui disait "mon pays n’est ni l’Egypte, ni l’Irak, ni la Syrie," mais "le Khorasan" mot équivoque qui, étymologiquement désigne d’abord tout l’Orient et non pas seulement sa région natale.

   Alors, bien que les Iraniens, les Afghans et les Turcs voient exclusivement en lui leur propre citoyen, il reste le citoyen du monde, lui qui a pourtant noué, sa vie durant, de solides liens avec tous ces peuples.

   Il disait que son pays est nulle part et partout. Aussi la poésie de Rûmi ne s’adresse-t-elle pas exclusivement aux Persans, aux Turcs ni aux Arabes, mais elle vise l’humanité tout entière ; même la prédilection du poète pour le persan, faut-il le dire, n’a rien à voir avec le nationalisme.

   En effet, outre le persan sa langue maternelle, il savait d’autres langues comme l’arabe et le turc. Dans le Mesnavi il nous laisse entrevoir le secret de son choix :

"Parle persan bien que l’arabe soit langue exquise

L’amour, lui, ne connaît-il pas  une centaine de langues ?

Dès que l’odeur du Bien Aimé se fait sentir,

Ces langues demeurent toutes perplexes et confuses."

 Notes:

1.Courriel : mohaziar@yahoo.fr

2. À savoir Merv, Herat, Nichapur et Balkh. La région est divisée depuis le XXe siècle entre l’Iran, l’Afghanistan et le Turkménistan. 

3. II est à noter que quelques jours seulement après le départ de Bahãoddin accompagnés de 300 de ses proches, la ville fut mise à sec et il ne resta presque rien de ses monuments et habitations.

Bibliographie

1- Fouladvand Hamèd, Les sept fidèles d’amour, ed Yassavoli, Téhéran 1380

2-Chardin(Jean dit Chevalier), Voyage de Chevalier Chardin en Perse et autres lieux de l’Orient chez lecoint éditeur Paris 1830

3-Cheybany Jeanne, Les voyages en Perse et la pensée française au XVIIIe siècle, Téhéran Ministère d’Information d’Iran 1971

4- Drouville Gaspard, Voyage en Perse en 1812, St, Petersbourg, 1819

5- Zarrinkoub Abdol-Hossein: Peleh peleh ta molaghate Khoda, éd Elmi Téhéran 1996

6- Zarrinkoub Abdol-Hossein: Serré Ney(Le mistère du Ney), éd Elmi, Téhéran, 1991

7- Zarrinkoub Abdol-Hossein: Bahr dar kouzeh (La mer dans une cruche), éd Elmi, Téhéran, 1997

8-Mevlavi Djalaledin Mohammad Balkhi : Masnavi Maanavi, éd, Negah, Téhéran, 1990

Source: Revue Le Pont, N:3, Printemps 2007, PP.28-30. 

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