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Saadi, le poète humaniste du XIIIe siècle (2)

Arefeh Hedjazi

   Plusieurs hypothèses ont également été avancées concernant la date de naissance de Saadi, dont certaines extraites de ses propres dires. L’hypothèse la plus communément acceptée avance la date de l’année 1209, contre 1189, 1199 et 1200.

   Il serait né dans une famille de théologiens et d’hommes de sciences. Son père était, paraît-il, le conseiller religieux personnel de l’émir. L’enfant bénéficia donc auprès de ce père d’une éducation moralisante et approfondie qu’il appréciait et qu’il perdit tôt en devenant orphelin. Il dit à ce sujet :

Je connais la souffrance des orphelins,

Car l’ombre de mon père s’éloigna de ma tête,

C’était aux côtés de mon père seul,

Que j’avais la tête couronnée.

   Il fut donc confié à son grand père maternel, père d’un théologien et mystique connu, Ghotboddin Shirâzi. Après avoir ainsi passé ses premières années et sa prime adolescence dans sa ville natale, sous l’égide du célèbre théologien mystique, le jeune Saadi entreprend sous le prétexte d’études un voyage qui durera trente-cinq ans, vivant pendant ce long périple les multiples expériences que la vie réserve aux vrais voyageurs.

   Ce voyage eut probablement lieu en 1222/1223 car il précise dans son œuvre qu’il a quitté le Fârs quand "le monde était emmêlé comme les cheveux d’un Noir", faisant ainsi allusion aux troubles dus à la faiblesse de l’émirat local ayant pour conséquence d’attiser les appétits de conquête du fils du souverain Khârazmshâh, qui avait donc attaqué la région.

mausolée de saadi

   Après quelques années passées dans la prestigieuse et sélective école Nezâmieh de Bagdad 1, où il bénéficia entre autres de l’enseignement de Sohravardi, le Sheikh Eshrâq, dont on peut parfois voir certaines des idées reflétées dans les textes de Saadi, il commença son long voyage dans ce qui est aujourd’hui le monde arabe, de l’Irak à l’Afrique du nord, en passant par la Palestine, et l’Arabie pour effectuer plusieurs pèlerinages.

Dolatshâh Samarghandi, chroniqueur du XVe siècle, se basant sur ce que dit Saadi lui-même, parle également de plusieurs voyages à l’est de l’Iran, en Inde, jusqu’à Soumenat (Sanem) pour visiter le grand Shiva et les autres chroniqueurs ont répété ceci après lui. Mais rien n’est moins sûr et il est probable que ces voyages n’aient eu lieu que dans le monde imaginaire de la poésie et que Saadi ne voulait qu’illustrer ses fables.

    Le voyage qu’avait débuté Saadi vers 1222/1223 prit fin en 1256 avec son retour à Shirâz. A son retour dans sa ville natale, il devint l’un des proches de l’émir Saad ibn Zangui, non pas en tant que poète de cour, mais, selon la version des témoins, en homme libre et insoumis dans sa parole et sa façon de voir, sans concession pour les gouvernants, qu’il n’hésitait pas à moraliser et critiquer.

(A suivre…)

Note:

[1] L’école Nezâmiyeh de Bagdad, du nom de son fondateur le sage vizir seldjoukide Khâdjeh Nezâm-ol-Molk Toussi -qui fonda une douzaine de grandes écoles semblables sur l’ensemble du territoire seldjoukide-, était à l’époque l’une des universités les plus importantes du monde et les inscriptions étaient soumises à un concours d’entrée. La fondation de cette école remonte à l’année 1049.

Source:Teheran.ir

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