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  • 1/6/2008
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Saadi, le poète humaniste du XIIIe siècle (3)

saadi

   Arefeh Hedjazi

   La vie de Saadi hors du commun, son talent exceptionnel et la place qu’il occupait au rang des grands hommes contribua à l’émergence de son vivant même d’un nombre impressionnant de mythes et de légendes dont les plus anciens sont à lire dans l’anthologie de Dolatshâh Samarghandi.

Saadi vécut donc désormais dans la forteresse de Sheikh Kabir, protectrice de sa douce ville, et occupa ses années à composer ses œuvres et dit-on, à enseigner et à tenir la chaire de sermon de Shirâz.

   Après cela, il fit un dernier pèlerinage à la Mecque, ce qui porte le nombre total de ces derniers, selon les dires de Dolatshâh, à quinze. De ce pèlerinage, il revint par la route de Tabriz, et ainsi qu’il est écrit dans la préface du sixième livre de ses œuvres en prose, lors de son séjour dans cette ville, il fit connaissance avec Shams-e-din Joveyni, l’auteur du Divân de Joveyni et son frère, qui étaient tous deux grands vizirs auprès d’Abâghâ Khân. Ce dernier accorda également un entretien très simple et très amical au grand poète dont il bénéficia des prêches.

L’incertitude quant à la date exacte de la mort de Saadi rappelle celle de sa naissance puisque quatre versions différentes ont été proposées : 1291, 1292, 1295 et 1296. La plus vraisemblable de ces dates serait l’an 1292, puisqu’elle a été signalée à plusieurs reprises dans des ouvrages mineurs contemporains de cette date.

   Ce qui est très important dans la vie de Saadi, c’est la réputation dont il bénéficia dès son vivant. Il n’est pas rare dans le monde littéraire qu’un poète devienne ainsi célèbre, on peut donner en la matière l’exemple de Khâghani Shervâni et de Zahir, mais cette réputation n’égala jamais l’engouement intense, - toujours vivace plus de neuf siècles plus tard -, pour ce poète en particulier. Même de son vivant, la réputation poétique de Saadi avait dépassé les frontières de l’Iran et conquis l’Asie mineure, le monde arabe et l’Inde. Comme preuve de cette affirmation, les œuvres de deux poètes indiens Amir Khosrow Dehlavi et Hassan Dehlavi, tous deux habitants de Delhi comme leur nom l’indiquent, et qui sont les chefs de file de l’école indienne de la poésie persane.

   Tous les deux sont fiers d’avoir imité le grand Saadi et tous deux avouent avoir échoué dans cette imitation. Un autre, peu connu mais pourtant très apprécié par la poignée d’initiés qui reconnaissent la beauté et la finesse de son travail, est Seyf-e-din Mohammad Forghâni, originaire d’une minuscule ville de l’Asie mineure, qui n’hésite pas à dédier son œuvre entière à celui qu’il nomme le "Maître sans pareil". Ce Forghâni est pourtant lui-même chef de file d’un mouvement assez particulier, qui s’entête à poursuivre les modèles langagiers et la façon de faire des poètes des premiers siècles. Pour lui, Saadi est également "l’Empereur des mots" et sa poésie "l’élixir de vie" et personne ne réussirait à prendre sa place dans la poésie, ce qui s’est vérifié.

   Parmi les émirs qui eurent la chance de bénéficier des panégyriques de Saadi, le plus important est l’Atâbak Mozzafar-e-Din Abou Bakr, fils de Saad Zangui, qui avait réussi à conclure un traité avec les Moghols lors de leur foudroyante et cruelle conquête et qui avait ainsi fait épargner toute la région du Fârs. C’est sous le règne de cet émir que Saadi est revenu au pays et c’est à lui qu’il dédia son œuvre.

Il chante également la gloire et la beauté de cet émir dans certains de ses odes lyriques et même le cite dans son œuvre en prose. Le fils de cet émir, quant à lui, c’est-à-dire Saad ibn Aboubakr, fut uniquement commémoré par Saadi.

   D’après ce que dit l’histoire, il avait été un prince juste et sage, il aurait pu être un bon roi, mais son règne ne dura que douze jours et il mourut jeune. Saadi cite beaucoup ce jeune prince, que ce soit dans sa poésie ou dans sa prose et il a composé à l’occasion de cette mort une élégie magnifiquement triste et sincère, car le grand poète était célèbre pour l’amitié qu’il éprouvait dès le premier contact pour les gens et la tristesse profonde qu’il éprouvait pour les peines de gens qu’il connaissait très peu.

(A suivre…)

Source:Teheran.ir

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