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  • 13/4/2009
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Hãfiz (3)

divan de hafiz

   Les grands thèmes traités par Hãfiz doivent-ils être lus au premier degré ou s’agit-il de textes «codés», à double ou à triple clef? Certain vocabulaire, à première vue, présente une signification profane immédiate. Par exemple, il est très souvent question, dans les ghazal, du rend, généralement traduit par «libertin».

En réalité, c’est un «affranchi», buveur et coureur, qui a toutes les apparences d’un mauvais garçon sûrement indigne d’aller au Paradis: mais il est «en connivence avec Dieu», c’est un pécheur, certes, mais qui se repentira et assurera son salut. Un libertin donc, mais un «libertin sauvé».

   Si, dans le persan familier contemporain, le rend n’a gardé que le sens de «voyou» ou de «tricheur», pour Hãfiz il s’agit de «l’homme extatique qui ne se soumet pas aux règles strictes de la raison et de la religion », de l’initié, du gnostique, prêt à «sacrifier sa raison et même sa vie».

Le vieux poète, lui-même, ne se considère-t-il pas, dans ses ghazal, comme un rend? Il en va de même pour le vin et l’amour.

   Il est facile, en prenant les ghazal au pied de la lettre, d’en réduire l’auteur à un joyeux drille, ivrogne invétéré et coureur impénitent. Le vin est un de ses leitmotive. Mais quel vin? Hãfiz dit lui-même:

vérité

   «C’est un vin de Vérité (haqiqat) et non de métaphore (majãz).» On pense au grand mystique Abû-l-Qãsim Jonayd, mort en 911, qui disait que l’adepte spirituel passe, de «l’ivresse de l’emprise divine (sakrat al-ghalaba) à la lucidité de la dégriserie (bayãn as-sahw) ». Mais cette ivresse (masti) est une folie, qui, seule, permet de percer ou de lever le voile des apparences.

   Mais c’est l’amour qui est le cœur des ghazal et du Divãn de Hãfiz. Qu’il soit charnel, idéal ou mystique, un seul mot, d’origine arabe: ’eshq, le désigne.

Chez notre illustre poète, il n’est question que de la trinité «l’amour, l’amant, l’aimé» (’eshq-o ’ ãsheq-o ma’shuq). Et c’est bien Hãfiz qui a écrit ce beau vers: «Celui-là ne mourra jamais, dont le cœur ne vit que d’amour ».

Source: MONTEIL. Vincent Mansour, Le Divan de Hãfiz, éd. Kitãbsarãy-e Nik, Téhéran, PP.10-11.

 

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