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  • 31/8/2008
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Bissutun

bissutun

   A une trentaine de kilomètres de Kermãnshãh, la montagne de Bissutun est située à côté d’une ancienne route royale achéménide. Dans l’une des ses failles, elle accueille le seul bas-relief isolé et l’inscription la plus longue de l’époque achéménide.

   Gravé vers ~520, l’ensemble se compose d’une scène figurative sur un registre, entourée de textes en cunéiforme.

Le relief commémore la victoire de Darius Ier sur ses ennemis et rivaux lors de sa prise du trône. Les mains liées derrière le dos, les prisonniers en file indienne font face à Darius Ier, qui tient un arc et lève la main droite en direction d’une représentation symbolique du Divin qui domine la scène.

   Comme la plupart des inscriptions royales des Achéménides, le texte est en trois langues: vieux perse, élamite et akkadien. Darius Ier y décrit longuement qui il est: il se proclame descendant de Achéménès, fondateur d’une lignée de rois. Par volonté du dieu Ahurã Mazdã, il règne sur 23 pays. Il parle ensuite de l’imposteur (Gaumãtã) qui usurpa le trône, en se faisant passer pour le frère assassiné de Cambyse II: seul Darius Ier eut le courage de l’affronter et de le tuer, puis il prit le trône et rétablit l’empire.

bissutun

   Il raconte longuement comment, par la force et l’aide d’Ahurã Mazdã, il vient à bout de plusieurs rébellions qui éclatent dans les provinces: il envoie ses armées, châtie les meneurs qui s’étaient proclamés rois, tout cela en une année et 19 batailles. Le roi fut aidé des dieux, car il était juste: il n’opprimait personne, récompensait ceux qui aidaient sa dynastie et punissait ceux qui font le mal. Darius Ier explique qu’il fait graver cette inscription pour que ces faits soient manifestes à tous, et il demande à ce que personne ne la détruise, sous peine de devenir un adversaire d’Ahurã Mazdã.

Darius Ier mentionne les six hommes qui l’aidèrent à tuer l’imposteur et à prendre le trône. Pour finir, il raconte les campagnes militaires contre les Elamites et les Scythes, des infidèles qui n’adoraient pas Ahurã Mazdã.
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   Dans la tradition populaire, les bas-reliefs furent attribués à Farhãd, l’architecte amoureux de Shirin. Au XIXe siècle, l’inscription de Bissutun fut une étape essentielle dans le déchiffrement du cunéiforme: un lieutenant anglais, Henry Rawlinson, parvint à déchiffrer la version élamite du texte et à ouvrir la compréhension des autres versions. Le site de Bissutun comprend encore plusieurs témoignages de son importance cultuelle et politique au cours des siècles et même des millénaires, puisque des grottes de la montagne furent occupées à l’ère paléolithique déjà (entre ~40’000 et ~35’000).

En contrebas du relief de Darius Ier, le dieu grec Héraklès (Hercule) fut sculpté en -148. Il constitue l’unique œuvre datée de façon certaine de l’époque séleucide en Iran. Le dieu est représenté nu, étendu sur une peau de lion, tenant une coupe.

   Une massue est dressée au-dessus de ses jambes, et son carquois est suspendu à un arbre derrière lui. Une stèle porte une inscription grecque.

   A proximité, deux reliefs ont été gravés à l’époque parthe. L’un montre quatre satrapes rendant hommage à Mithridate II (~I24-~88): il a été partiellement recouvert par une inscription au XVIIIe siècle. L’autre, du Ier siècle, montre une scène de bataille, qui célèbre la victoire de Méherdate, un roi parthe, sur un rival prétendant au trône. Un autre relief parthe, du Ier-IIe siècle, a été sculpté sur un rocher isolé: on y voit un prince ou un prêtre debout, une coupe à la main, à côté d’un autel et entouré de deux dignitaires.

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   A l’époque sassanide (IIIe-VIIe s.), Bissutun accueillit un jardin royal (un paradeisos), entouré d’un pont, d’un barrage et d’une route.

Un palais est resté inachevé (Takht-e Shirin). Dans la falaise, une immense surface fut aplanie à la fin de la période sãssãnide, en prévision de futurs bas-reliefs que l’invasion arabe ne permit jamais d’exécuter.

   De l’époque islamique, il demeure les traces d’une occupation ilkhãnide (XIIF-XIV6 s.), un ancien caravansérail des premiers siècles de l’Islam, un caravansérail et un pont safavides (1501-1732).

Source: RINGGENBERG. Patrick, Guide culturel de l’Iran, éd. Rowzaneh, Téhéran, 2005, PP.295-297.

 

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