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  • 4/2/2016
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Les caractéristiques des maisons traditionnelles de la région centrale de l’Iran (2)

décoration intérieure de nãrendjestãn-e ghavãm

   Sans vouloir rappeler ici les éléments du jardin persan, nous nous contentons de noter que la maison et le jardin étaient intimement liés dans la mentalité des Iraniens, de sorte que même le sol des pièces de la maison était couvert de tapis portant souvent des motifs de jardin, jardin dont une version réelle se trouvait à l’extérieur. En outre, le jardin contenait un ou des bassin(s), situé(s) le plus souvent au milieu du jardin, avec des variantes plus ou moins semblables.
   D’autre part, les arts décoratifs agrémentaient les murs et plafonds des bâtiments, surtout le stucage qui était un élément quasi-indispensable aux travaux fins du bâtiment. Les travaux en stuc, mais aussi faits à partir de bois et de miroirs constituaient les grandes spécialités des maîtres iraniens de maçonnerie. La façade et la décoration intérieure occupaient une place centrale dans l’art et l’architecture iraniens. Pour revenir à l’architecture résidentielle traditionnelle de l’Iran, la salle de séjour était en général située plein sud. Cette salle comportait souvent des vitraux aux couleurs vives et variées et constituaient un élément essentiel du bâtiment, tant du fait de leur beauté vue de l’extérieur (depuis la cour) que par leur élégance et le jeu de la lumière et des couleurs produit par les rayons de soleil vus de l’intérieur.
Imaginez un instant ce jeu de couleurs sur les tapis déroulés à l’intérieur, et supposez quel rôle jouait cet ensemble harmonieux dans l’imaginaire poétique des Persans d’hier, beaucoup plus fécond et vivant que celui des Iraniens contemporains.

   Le nombre de ces fenêtres et de ces baies vitrées était toujours un chiffre impair. En fonction de la grandeur de la salle, elles étaient au nombre de trois, cinq ou sept. Les salles de séjour se distinguaient et étaient appelées en fonction même de ce nombre, un séjour à trois portes (baies vitrées), à cinq ou à sept portes. Quand il s’agissait d’un shãhneshin (séjour magistral), deux petites salles mitoyennes étaient construites des deux côtés de la grande salle, où les musiciens jouaient pendant les cérémonies, les fêtes, les banquets et les soirées.
   Ces deux petites salles s’appelaient Otãq-e Goushvareh (boucles d’oreilles [de la grande salle]). Cependant, lorsque la capacité de la grande salle ne suffisait pas à accueillir l’ensemble des invités, on ouvrait les portes qui faisaient communiquer ces trois chambres, pour que les petites salles puissent également accueillir les convives. [1]

décoration intérieure de nãrendjestãn-e ghavãm

   Ce plan des bâtiments situés aux alentours de la cour ne se limite pas, dans l’architecture persane traditionnelle, aux maisons résidentielles. Le plus souvent, on constate que le même plan est aussi utilisé dans les caravansérails et les écoles traditionnelles (à la fois séculaires et religieuses), où les chambres se trouvaient tout autour de la grande cour principale. Il en va presque de même pour les grandes mosquées, les grands jardins et palais… Cela dit, il ne faut pas tenter de simplifier ni de généraliser ces plans parfois très compliqués, à la manière du dessin des tapis persans, ainsi que des jardins célestes et paradisiaques.

Remplir le cœur et l’esprit, tel fut le dessein et le but ultimes de la vieille architecture iranienne.
Pour conclure
   Dans cet article, nous avons tenté d’aborder certains aspects techniques et sociologiques de l’architecture traditionnelle iranienne, en évoquant des éléments du plan des maisons traditionnelles persanes. Sans prétendre à une quelconque exhaustivité, nous pouvons constater que les mêmes éléments sont présents dans différentes maisons des villes centrales d’Iran, à Kãshãn, à Shirãz, à Isfahãn et à Kermãn. Les mêmes traits se retrouvent à peu près dans la plupart des résidences traditionnelles iraniennes, avec des éléments complémentaires dans les villes plus désertiques et venteuses comme Yazd, où le bãdgir (tour de vent) fait partie intégrante de toute maison ou au moins de tout quartier et de tout Ab-anbãr (réservoir d’eau), autre élément essentiel des villes sèches.
Dans son célèbre ouvrage de référence, Mohammad Karim Pirniã distingue différents styles ou "manières de faire" dans l’architecture traditionnelle persane: la manière pãrsi, la manière parthe, la manière du Khorãssãn, la manière de Ray, la manière azérie et la manière d’Ispahan.
   Notons au passage et en guise de conclusion que la dernière manière, c’est-à-dire le style d’Ispahan, est la plus récente et peut-être la plus importante parmi celles de l’architecture iranienne récente. Contrairement à ce qu’évoque sa dénomination, ce style n’est pas originaire de la ville centrale d’Ispahan, mais il puise ses racines dans le style azéri (le foyer de ce dernier étant la ville du Nord-ouest iranien, Tabriz); cependant, il fut développé à Ispahan notamment sous les Safavides, période à l’issue de laquelle cette ville devint l’une des villes les plus belles et les plus réputées du monde, et que l’on appela Nesf-e Jahãn (Moitié du monde).
Note:
[1] Les musiciens tendaient à être absents de la vie sociale. Cantonnés aux petites salles avoisinantes secondaires, et restés anonymes, ceux-ci avaient une tendance à s’incliner vers eux-mêmes, vers l’intérieur. Ce n’est pas alors sans raison si la musique traditionnelle iranienne est une musique extrêmement introvertie, poussée vers le for intérieur. Les musiciens étaient toujours relégués à l’arrière-plan, aux coulisses.
Source: Teheran.ir
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