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  • 21/10/2008
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Crise financière (12): retour sur la création monétaire

Sommaire

Hypothèse 1

Hypothèse 2

un tank-tigré de dollar papier

   Une banque A gère le compte d’un client “a”. Celui-ci dépose 100 € sur son compte. Nous ne préjugeons pas de l’origine (billets, virement, encaissement de chèques ...) de ces 100€. Nous supposons seulement que l’opération est faite dans les règles.

   Cela veut dire que ce Dépôt à Vue (DAV) de 100 est comptabilisé en M1, au passif de la banque A, et qu’ en plus cette banque A dispose de 20 € en monnaie centrale ( M0) sur son compte en Banque Centrale pour couvrir statistiquement les retraits en monnaie fiduciaire. Le client “a” va tirer disons 20 € en monnaie fiduciaire ( le  DAV est diminué de 20, et 20 sont extraits de M0 et passent dans M1; M1 n’est pas changé car - 20  +  20  = 0) et payer un fournisseur “b”  titulaire de compte dans une banque B, avec les 80 € restants, par virement ou chèque.

(N.B. Le cas où “b” serait aussi client de A est plus trivial et sans intérêt pour notre explication).  M1 qui est la somme de tous les billets et pièces (monnaie fiduciaire) et de tous les DAV  (monnaie scripturale)  n’est toujours pas modifié mais le mouvement du chèque entre les banques A et Bentraine un mouvement de compensation au niveau de M0.

   La banque A voit son compte à la  Banque Centrale diminuer de 80 € et la banque B le sien augmenter de 80 €. (On sait bien qu’en réalité le mouvement ne se fait que sur les différences en fin de journée,  mais conceptuellement c’est exactement comme si les mouvements  s’effectuaient pour chaque chèque individuellement). Donc non seulement ce chèque est bien "couvert" en Banque Centrale  mais il est "sur-couvert" car il suffit pour cela de 80 * 20 %= 16€. La banque B dispose donc de 80 - 16  =  64€ en monnaie centrale M0. Que peut-elle en faire ?

Hypothèse 1

   Soit accorder  - si elle trouve des emprunteurs - de nouveaux crédits en M1 jusqu’à une valeur totale  de  64/0,20 = 320 €  de M1 !  Voilà donc M1 qui, à partir des 100 € initiaux est devenu :20€ en billets retirés par le titulaire “a” du crédit initial  + 80€  du premier bénéficiaire “b” du chèque  + 320€ des autres emprunteurs ultérieurs =  420 € de M1 soit une augmentation de 320 % ...Il y a bien création monétaire.

 Hypothèse 2

   Soit les reprêter à la banque A qui, de toute façon, en a besoin. En effet elle n’avait attribué que 20€ de M0 à la couverture du dépôt initial de 100 € de M1, or elle a sorti de M0 les 20  €  du retrait en billets et les 80  € du fait de la "fuite" du chèque de 80 €. Elle a donc son compte en Banque Centrale en déficit de 80 €! Elle doit se "refinancer" d’urgence en monnaie de base M0!  Pour cela elle peut se tourner vers la Banque Centrale (seule émettrice de M0) et lui emprunter au taux directeur prévu moyennant des garanties en titres sérieux (éligibles au refinancement) à moins que la banque B ne lui prête elle-même à un taux légèrement légèrement inférieur au taux directeur ce qui arrange tout le monde (aussi bien la banque A que la banque B qui n’a pas nécessairement trouvé des emprunteurs dans l’instant).

Ce ne sont donc pas les 80 € de M1 qui sont reprétés (ils sont toujours sur le compte de « b »  dans la banque B) mais ce sont eux qui permettent  à la banque B de disposer de 80 € de M0 pour d’une part couvrir le compte de « b » (16 €) et d’autre part bénéficier de la capacité d’attribuer de nouveaux crédits sur la base des 64 € de M0 supplémentaires.

   Cette capacité autorise d’émettre jusqu’à 64/ 0,20 =320 € nouveaux dans M1. Il n’y a pas de "reprêt"; il n’y a que des prêts nouveaux adossés à la masse M0 en  Banque Centrale , masse M0 qui va croissant par le "refinancement" des banques auprès de la Banque Centrale.  Ce refinancement se fait à la demande des banques sur la base de titres qu’elles ont acquis précédemment en créant de la monnaie dans M1 pour les acquérir (Il s’agit de la monétisation des actifs).

   On pourrait donc dire que la monnaie M1 (les moyens de paiements) se déplace [elle peut avancer (augmenter) mais aussi reculer (diminuer) sur deux pieds : un fort (en volume) M1 et un plus faible qui est M0]. Les banques commerciales émettent, sous contraintes réglementaires, la monnaie M1 utilisée par l’économie et la finance et la Banque Centrale émet, sur requête des banques commerciales, la monnaie M0 qui leur est nécessaire. Le rapport de force qui peut apparaitre entre les parties n’implique jamais l’intérêt général si, du moins, la Banque Centrale est totalement indépendante de l’Etat comme le requiert l’orthodoxie actuelle.

le bâtiment de la banque chase-morgan à houston (usa)

   Dans le cas du texte synthétique d’Allais, on pourrait peut-être le paraphraser ainsi :

«Fondamentalement, le mécanisme du crédit aboutit à une création de moyens de paiement ex nihilo, car le détenteur  d’un dépôt auprès d’une banque  le considère à juste titre comme une encaisse disponible en billets , alors que, dans le même temps sur la base de la "monnaie centrale" reçue avec ce dépôt et,  s’il le faut, d’un "refinancement" complémentaire adéquat , la banque a pu créer et prêter l’équivalent de la plus grande partie de ce dépôt qui, redéposé ou non dans une banque, est considéré à son tour et également à juste titre comme une encaisse disponible en billets par son récipiendaire.

Mais les banques prennent ainsi des engagements qu’elles ne peuvent tenir autrement qu’en moyenne.

   A chaque opération de crédit il y a ainsi réplication monétaire partielle. Au total, le mécanisme du crédit aboutit à une création ex nihilo de monnaie effective M1 par de simples jeux d’écriture dans épars les banques commerciales, à un niveau qui dépasse très largement celui de la monnaie de base M0».

Source: http://www.fauxmonnayeurs.org

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