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  • 8/2/2009
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Crise financière (20): le système financier en Iran

banque mellat est une des banques de l’iran

Privatisation et performance bancaire

   Depuis le troisième plan quinquennal, la privatisation de l’activité bancaire est devenue un thème majeur dans le secteur financier iranien. Selon la loi du plan quinquennal, la fondation de banques à capitaux privés est autorisée, cela malgré l’article 44, et plusieurs banques privées ont été créées depuis. Plusieurs problèmes ont été soulevées à ce titre: sensibilité du secteur bancaire et non-équivalence des missions associées au secteur bancaire étatique et privé, problème de refinancement des banques privées, qui ne peut se faire par le système actuel (prêt usuraire direct avec taux d’escompte par la banque centrale ou marché interbancaire), problème de la délégation de la création monétaire à travers le système de réserves fractionnelles… autant de difficultés juridiques et techniques qui n’ont pas été adressées, selon nos informations disponibles.

Il a été dit que le système bancaire tel qu’il est aujourd’hui, retirait aux banques iraniennes, toute incitation à la recherche du profit ou à la gestion du risque.

   La relation étroite entretenue avec l’Etat et le secteur public alimenterait la corruption, l’abus de pouvoir, des prises de décisions inefficaces, parfois sous la pression politique si bien que le nombre de créances arriérées ou en suspens est extrêmement élevé. La dette de l’Etat envers le système bancaire ne permet pas d’assainir cette relation, ou le marché de dupe consiste à fermer les yeux sur la dette de l’Etat en échange d’une indulgence particulière envers le fonctionnement du système bancaire. Bien entendu, l’immense majorité des acteurs sont des gens honnêtes et concernés par le succès de leur établissement respectif, mais s’attaquer de front à ces difficultés constitue un enjeu autant politique que managérial.

banque saman est unes des banques privées de l’iran

   Il est souvent reproché, à juste raison peut-être, que la loi de 1983, ou plus précisément son mode d’application actuel, a créé un système bancaire en faux-semblant, utilisant à souhait des méthodes critiquables de dissimulation jurisprudentielle destiné à couvrir pudiquement des opérations essentiellement usuraires, tout en justifiant le label « islamique » ouvertement revendiqué par le discours officiel.

   Il est important de souligner que la plus forte opposition au système bancaire, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, vient de milieux religieux rigoristes, qui vont jusqu’à interroger la nature islamique des transactions bancaires en Iran.

Bien que la loi de 1983 ait été évidemment cautionnée par le Conseil des gardiens, lui octroyant une légitimité juridique incontestable, le mode opératoire entérinée par la pratique, et parfois, le corpus réglementaire produit par la banque centrale, ont décoloré le substrat islamique de la loi interdisant l’intérêt.

Et bien que le bureau représentant le guide suprême cautionne également les opérations bancaires en Iran, les interrogations demeurent quant à la philosophie économique qui préside à ces opérations. 

   La loi de 1983 constitue en fait une première étape sur la voie de l’édification du système financier islamique en Iran, et la réflexion globale actuellement menée par le gouvernement iranien, les parlementaires et les cercles financiers dans le cadre de la privatisation de l’économie imposée par la nouvelle lecture de l’article 44 de la Constitution, contribuera forcément à  refonder le système financier iranien sur des bases actualisées et plus saines, au regard des conditions économiques d’aujourd’hui.

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