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  • 8/12/2012
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Une artiste néo-traditionaliste

mansoureh hosseini

   Mansoureh Hosseini (1926-13 juin 2012) fut diplômée de peinture de la Faculté des Beaux-Arts de Téhéran (1949) et de l’Académie des Beaux-arts de Rome. Elle participa à plusieurs expositions de groupe, et voyagea en Italie afin d’y poursuivre ses études. [1] En 1957, elle présente ses tableaux à Rome, événement à propos duquel le journaliste artistique du journal Dominica écrit: «Il semble que Mansoureh, peintre iranienne, ait un grand avenir. Elle aime Rome où elle a été invitée. Elle a su utiliser intelligemment «l’école de Rome», et a combiné l’ambiance de notre peinture avec la complexité décorative et imaginaire de la peinture persane ancienne.» [2]

Cette critique montre que des éléments de la peinture iranienne et de la peinture européenne sont présents dans les œuvres de Mansoureh, et font d’elle une artiste néo-traditionaliste.

   Les peintres «néo-traditionaliste» abstraits ou figuratifs ont essayé en effet de combiner le style iranien avec d’autres styles. Mansoureh Hosseini poursuivit la création d’œuvres abstraites parallèlement à la création d’œuvres figuratives, mais dans ses œuvres abstraites et semi abstraites, elle eut tendance à utiliser des éléments «traditionnels» persans. [3]

En 1958, la dernière année de son séjour à Rome, elle rencontre Leonello Venturi, célèbre critique d’art italien. C’est un tournant dans sa carrière artistique. Les couleurs fraîches et les lignes arabesques figurant dans les œuvres de Hosseini sont pour Venturi des rappels de la calligraphie iranienne. Ce dernier l’encourage alors à se concentrer sur la peinture abstraite tout en employant la calligraphie iranienne. [4] C’est l’orientation qu’elle prend. A partir de 1959, ses travaux abstraits sont une combinaison de formes et de couleurs, formes dont le noyau semble avoir été inspiré par le manuscrit de Kufic [5].

   Hosseini poursuit ses études à Rome en 1959, puis revient en Iran et expose ses œuvres au Ridhã ’Abbãsi Hall. Ses œuvres sont primées à la 2ème et 3ème Biennales de Peinture de Téhéran. [6]

   A partir de 1960, ère de la deuxième Biennale de Téhéran, une nouvelle phase commence. Certains peintres modernistes iraniens - qui, dans le passé, utilisaient des styles se rapprochant du cubisme et de l’expressionnisme en simplifiant des formes naturelles - continuent leurs créations en utilisant des formes simplifiées et de la couleur pure. [7] D’autres comme Waziri-Moghaddam, abandonnent leurs expériences antérieures et choisissent des méthodes abstraites. Parmi eux, Mansoureh Hosseini est la figure la plus importante. Certains artistes nouveaux venus sont également représentés. [8]

Les œuvres présentes à la deuxième Biennale indiquent bien la grande attention que portaient les artistes à l’abstraction, et de l’autre côté au traditionalisme. Les deux tendances (traditionalisme et art abstrait) sont les caractéristiques de cette exposition. [9] Dans le domaine de la peinture, les prix sont répartis entre les artistes de ces deux tendances. [10]

   Sohrãb Sepehri et Waziri-Moqaddam y reçoivent des prix importants. Les œuvres de Waziri-Moghaddam sont abstraites, et celles de Sepehri présentent un aller-retour entre le figuratif et l’abstrait. [11] Mansoureh Hosseini présente aussi des œuvres abstraites et y remporte des prix. [12]

   Hosseini figure dans la liste des «néo-traditionalistes» uniquement en tant que l’une des premières artistes à avoir utilisé des éléments traditionnels car, d’après l’évolution de son travail et de sa création, on ne peut la classer parmi les artistes importantes de ce mouvement. Nous pouvons donc relever deux tendances visuelles principales: figurative et abstraite, ainsi que la méthode visuelle moderne de l’Occident en parallèle aux motifs traditionnels iraniens. [13]

   Mansoureh Hosseini figure parmi les pionniers de l’art contemporain et moderne iranien. Bien qu’elle compte parmi les plus importants artistes iraniens du courant abstrait, elle s’intéressait aussi à l’art figuratif. Hosseini a trouvé son style personnel durant des années de création artistique. En peinture moderne iranienne, elle a été l’une des premières à utiliser la calligraphie dans ses œuvres. En cela, elle fait partie des artistes «néo – traditionalistes».

Mansoureh n’est pas en effet une calligraphe mais une peintre qui interprète la calligraphie dans ses tableaux de manière moderne. Bien qu’elle n’ait pas été très active durant les dernières années de sa vie, elle fait pourtant partie des rares artistes femmes qui ont contribué notablement à la peinture moderne et contemporaine iranienne.

Notes:

[1] Emdãdiyãn, Y.; Pãkbãz, R. (ed.), Pishgãmãn-e honar-e nogarã-ye Irãn: Mansoureh Hosseini, p. 19.

[2] Ibid., p. 12.

[3] Ibid., pp.14-15.

[4] Ibid., p. 21.

[5] Ibid., p.19

[6] Anonyme, “Gozãresh-e nemãyeshgãh-e naqqãshi Mansoureh Hosseinî va Behjat Sadr,”‌ Bokhãrã, Mordãd, 1383 sh./2004, n° 37, p. 465.

[7] Manoutchehr Yektãi crée des natures mortes et des portraits dans le style de l’expressionnisme abstrait. (Emãmi, Karim, “Post-Qãjãr (Painting),”‌ Encyclopœdia Iranica II, p. 645.)

[8] Pãkbãz, Rou’in, Dãeerat Al-maãref-e Honar, p. 595.

[9] Mohãjer, Mostafã, “Namãyeshgãh-hãye bozorg va bienãl-hãye naqqãshi,”‌ Honar-hãye tajassom, p. 56.

[10] Voir Khalili, Mahin, “Jahãn-e dãnesh o honar,”‌ Sokhan, Ordibehesht, 1339./1960, n° 133, p. 105.

[11] Idem. p. 107.

[12] Idem, p. 107. En 1339 sh./1960. Presque tous les artistes connus dans le domaine de la peinture moderne ont participé à la deuxième Biennale. On peut donc la considérer comme un bilan pour comprendre la position et la condition de la peinture de cette période. Pour les noms des artistes voir Mohãjer, Mostafã, “Namãyeshgãh-hãye bozorg va bienãl-hãye naqqãshi,”‌ Honar-hãye tajassom, Shahrivar, 1377 sh./ 1998, n° 1, pp. 1-15; Emãmi, Karim, “Post-Qãjãr (Painting),”‌ Encyclopœdia Iranica II, pp. 640-46.

[13] Voir Emdãdiyãn, Y.; Pãkbãz, R. (ed.), op. cit., pp. 14-15.

Source: Teheran.ir

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