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  • 8/8/2010
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Une découverte porteuse d’espoir pour la population féminine

le sida

   Testé en Afrique du Sud, ce gel vaginal contenant un antirétroviral empêcherait l’infection dans 50% des cas. Une découverte porteuse d’espoir pour la population féminine, très vulnérable face au VIH.

Pour se protéger contre le sida, les femmes sont souvent plus démunies que les hommes, surtout dans les pays en développement. Hormis le préservatif féminin, peu répandu, elles restent tributaires du bon vouloir de leur partenaire à utiliser un préservatif, ou de sa fidélité. D’où l’intérêt suscité par les résultats de l’étude Caprisa 004, montrant qu’un gel vaginal contenant 1% d’antirétroviral s’est avéré efficace contre l’infection pour environ une femme sur deux.

   Menée à Durban par un couple travaillant au Centre pour le programme de recherche sur le sida en Afrique du Sud (Caprisa), l’étude parue dans la revue Science a porté sur 890 femmes, dont la moitié s’est vu remettre le gel avec Tenofovir, et l’autre moitié un gel sans antirétroviral. Séronégatives mais présentant un fort risque de contracter le virus, ces femmes de 18 à 40 ans devaient utiliser une dose de ce gel microbicide environ douze heures avant une relation sexuelle, puis une seconde dans les douze heures après. Suivies régulièrement par une équipe médicale, il leur était recommandé d’éviter les sources de contagion et des préservatifs leur étaient distribués.

Pas d’effets secondaires

   L’expérience a montré que le risque de contamination baissait en moyenne de 50% au bout d’un an, et de 39% au bout de deux ans et demi. Les femmes qui utilisaient le plus régulièrement le gel actif ont été protégées à 54% sur trente mois. Il n’y a pas eu d’effets négatifs constatés ni, chez les femmes infectées, de signe de résistance au Tenofovir, un médicament utilisé habituellement pour soigner les personne séropositives.

«Notre défi maintenant, c’est de comprendre sur quelle base biologique certaines femmes sont infectées en dépit du Tenofovir et surtout d’essayer d’améliorer le suivi du traitement», a déclaré l’un des instigateurs de l’étude, Salim Abdoul Karim.

   Près de 40% des femmes participant à l’étude ont en effet utilisé le gel, dont l’applicateur a la forme d’une seringue à bout arrondi, moins d’une fois sur deux, même si aucun problème d’inconfort n’aurait été relevé.

Un produit très intéressant en Afrique

   L’essai, qui n’est encore qu’en phase 2 - pour établir l’innocuité et l’efficacité d’un produit sur un échantillon relativement réduit - doit être maintenant confirmé par une troisième phase de l’étude, comptant plus de 4.000 femmes et déjà engagée. Mais les résultats ont été accueillis avec enthousiasme par les participants à la conférence internationale sur le sida de Vienne.

le sida

   Pour Hugues Fischer, coordinateur prévention et recherche préventive à Act Up Paris, ce microbicide est particulièrement intéressant pour les pays africains, où les femmes, qui représentent 60% des nouvelles contaminations, sont un vecteur important de transmission, et où la population a moins facilement accès au préservatif.

«En revanche en France, la question se pose différemment. D’abord, ce sont des résultats encore sommaires, qui devront être détaillés. Ensuite, on a sûrement intérêt à promouvoir ce nouveau produit en France, mais il faut bien réfléchir à la population cible et dans quelles modalités. Certes, ce gel se fait plus oublier qu’un préservatif, mais il est aussi moins efficace».

   «Au-delà de son efficacité propre, qui est peut-être un peu en-dessous de ce que la rumeur laissait espérer, ce gel peut avoir un intérêt dans le cadre d’une stratégie de prévention combinée, estime de son côté Christian Andreo, directeur des actions nationales au sein de l’association Aides. Par exemple, on sait qu’un homme séropositif sous antirétroviraux a moins de chances de transmettre le virus à sa partenaire. Une bonne observance du traitement alliée à ce gel permettrait à un couple sérodifférent d’avoir une vie sexuelle sans préservatif, donc proche d’un couple séronégatif».

Vingt ans de recherches

   Michel Sidibé, directeur exécutif du programme de l’Onu Onusida, a salué de son côté une avancée déterminante. «Si ces résultats se confirment, ce microbicide constituera une arme puissante en matière de prévention et devrait nous aider à enrayer le développement de l’épidémie de sida», s’est-il réjoui. Les recherches sur les microbicides menées depuis 20 ans n’avaient connu jusqu’à maintenant que des revers, avec au mieux une absence d’effet de protection, au pire une sur contamination avec des produits toxiques pour la muqueuse vaginale.

   Nombre de questions persistent toutefois, notamment sur la nécessité de proposer un placebo à la moitié des femmes de la cohorte, dont 60 ont été contaminées pendant l’étude, contre 38 chez celles qui avaient le microbicide. Des inconnues planent également sur la mise sur le marché du produit.

Source: Lefigaro.fr

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