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  • 15/3/2010
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L’étape de l’enfance (1)

un enfant

Préambule:

La recherche laïque établit quatre étapes du développement de la personnalité:

1- La première ou la petite enfance qui va de la naissance à la septième année

2- L’enfance tardive (seconde enfance): de 7 à 14 ans

3- L’adolescence: de 14 à 21 ans;

4- La maturité: de 21 ans jusqu’à la fin

Les textes Islamiques tendent à établir la même division.

   Ce qui nous intéresse dans cette division, c’est le lien du développement de l’individu avec le processus de l’éducation sociale ou l’apprentissage en général. On excepte l’étape de la maturité dans laquelle la personnalité recouvre son indépendance et établit ses limites générales.

   Certes, même la dernière étape (l’étape de la maturité) demeure, en réalité, perméable à l’apprentissage, et celui-ci, considéré dans son acception finale, se détermine dans cette étape d’une façon consciente, puisque l’adulte assume la responsabilité totale de son apprentissage. Mais le but de l’apprentissage ou de l’éducation selon les étapes précitées reste lié au processus du développement, lequel ne s’arrête qu’à la fin de la troisième étape.

De là, les trois étapes concernées (première enfance, seconde enfance, adolescence) continuent à faire l’objet du soin des chercheurs tant qu’elles sont liées au développement, lequel est à son tour lié à la formation et à ses répercussions sur le futur de la personnalité (c’est-à-dire à sa quatrième étape).

   Bien que la législation Islamique concorde avec certaines lignes de la conception laïque de ces étapes, elle possède un point de vue spécifique qui la distingue complètement de cette dernière. En effet, alors que les courants laïcs présentent certaines conclusions comme étant des faits établis, concernant notamment le rôle de l’enfance dans l’avenir de la personnalité, l’Islam soutient un point diamétralement opposé, ce qui incite à ne pas sous-estimer la divergence entre les deux conceptions, islamique et laïque dans ce domaine. C’est ce que nous allons voir à travers notre étude des trois étapes du développement de la personnalité.

1- L’étape de la première enfance

Cette étape couvre les six ou sept premières années de la vie de l’enfant.

   Les chercheurs laïcs confèrent à cette phase une importance primordiale et exagérée, au point qu’ils la considèrent comme le facteur déterminant de la personnalité, dont le comportement futur serait prédéterminé par les traits acquis lors de la première enfance. En fait, il est à croire que les recherches laïques commettent une erreur scientifique majeure en attribuant à la première enfance cette importance indue, surtout lorsqu’elles considèrent les premiers mois, ou les deux ou trois premières années de l’enfant comme l’élément décisif du comportement futur de la personnalité.

   Bien que nous discutions cette conception des courants laïcs dans leurs contextes respectifs, nous sommes obligés de signaler ici la méprise dans laquelle tombent les psychologues, les éducateurs et les sociologues en exagérant l’importance de la première enfance, et en oubliant le rôle de l’amendement (la correction) du comportement, et le rôle de la conscience ou de ce qu’ils appellent "le moi" (l’ego) et sa capacité à contrôler et à réguler ce comportement. On pourrait dire même, que tous les efforts des éducateurs et des psychologues cliniciens seraient vains et inutiles, ou que leur raison d’être même disparaîtrait, si nous admettions que le comportement humain se décide pendant les premières années de l’enfance.

un enfant
Heureusement bon nombre des courants pédagogiques, psychologiques et psychopédagogiques modernes commencent à mettre en doute le rôle déterminant de l’enfance, et à souligner le facteur de la "conscience" et des expériences adultes, sans toutefois négliger l’enfance, mais se contentant de la dépouiller du caractère exagéré de l’importance dont l’ont affublé les prédécesseurs.

   L’Islam a résolu le problème en accordant à la première enfance une importance mesurée- en la qualifiant: d’étape du jeu - et en mettant l’accent, en revanche, sur le rôle de la seconde enfance.

   Donc, en la qualifiant d’étape de jeu, l’Islam lui ôte carrément le caractère décisif que lui prête le courant laïc. Car, qui dit jeu dit activité physique ou mentale purement gratuite, qui n’a, dans la conscience de la personne qui s’y livre, d’autre but que le plaisir qu’elle procure. Autrement dit, pendant cette étape il n’est pas possible de donner aux expériences mentales de l’enfant un caractère de cohérence et de constance, étant donné que son développement mental n’est pas propice à une expérience éducative sérieuse qui requiert un certain degré de maturité. De là, la législation Islamique a retenu de cette étape son caractère essentiellement ludique. Ci-après quelques-uns des textes Islamiques sur le sujet:

1- «Laisse ton enfant jouer pendant (les premiers) sept ans, éduque-le pendant les sept ans suivants, et oblige-le pendant les sept années qui suivent».1

2- «Laisse ton enfant jouer pendant sept ans, oblige-le pendant sept ans...».2

3- «L’enfant joue pendant sept ans, apprend le livre pendant sept ans, et apprend le licite (Halãl) et l’illicite (Harãm) pendant sept ans».3

   Ces textes indiquent indubitablement que les sept premières années de l’enfance se caractérisent par le jeu, les sept années suivantes, par l’éducation et la formation fondées uniquement sur l’entraînement (l’apprentissage et non la contrainte), les sept années qui les suivent (les années de l’adolescence), par l’obligation.

   Ce qui nous occupe maintenant, c’est d’attirer l’attention sur le caractère ludique de l’étape de la première enfance, d’après l’unanimité des textes Islamiques, lesquels nous conduisent à réfuter comme erronée toute théorie qui attribue à cette étape une importance pédagogique notable.

   Le hadith suivant du Prophète (P) ne laisse aucun doute quant à la nature foncièrement ludique de l’étape de la première enfance:

«L’enfant est maître durant sept ans, et esclave durant sept ans».4

    Le Prophète (P) a qualifié l’enfant de la première étape de "maître", et celui de la seconde d’"esclave", termes on ne peut plus révélateurs et significatifs. En effet, le "maître" est quelqu’un qui ne reçoit d’ordres de personne, il est son propre maître, ce qui signifie que cette phase de développement de l’enfant ne lui permet pas d’accepter des ordres, c’est-à-dire des instructions, des directives et des obligations. Il a besoin d’exercer ses activités avec une liberté sans restrictions manifestes, la liberté de jouer.

   Et c’est contrairement à l’enfant de la deuxième étape (7-14 ans), que le Messager d’Allãh (P) a comparé à l’esclave, lequel est censé recevoir et exécuter les ordres, c’est dire qu’il est préparé au processus de formation et d’entraînement.

   Cependant, il faut préciser tout de suite que le fait de mettre en évidence le caractère ludique de l’étape de la première enfance, signifie moins la négation de l’importance même de l’éducation et de l’entraînement qu’on y dispense à l’enfant, et plus la contestation du caractère déterminant et primordial de cette importance, tel que le lui prêtent ceux qui affirment que le comportement futur de la personnalité aura été irréversiblement déterminé par l’éducation qu’a reçue l’enfant pendant cette étape. C’est pourquoi, la législation Islamique n’est pas sans prévoir pour ladite étape une certaine forme d’entraînement, certes partielle, mais appropriée au développement mental et physique de l’enfant. Elle s’applique même à déterminer les différentes phases de cette étape et à esquisser le type d’entraînement élémentaire et léger, propice à chacune d’elles. En un mot, la législation Islamique, tout en soulignant le caractère essentiellement ludique de cette étape, tient compte de l’importance d’une certaine forme d’entraînement à y dispenser, mais sans charger celui-ci du même poids dont le charge le courant laïc.

Notes:

1- Wassã’il Al-Chî’ah, Bãbe 83, Hadith 4: "Les statuts des enfants".

2- Wassã’il Al-Chî’ah, Bãbe 82, Hadith 1: "Les statuts des enfants".

3- Wassã’il Al-Chî’ah, Bãbe 83, Hadith 1: "Les statuts des enfants".

4- Wassã’il Al-Chî’ah, Bãbe 83, Hadith 7: "Les statuts des enfants".

Source: Bostani.com

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